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Samedi 1er mai 2004

Le voyage.

Pour Jean-Claude et moi, c’est ce que l’on aurait pu appeler un voyage sans histoire. Les avions depuis Nantes n’avaient pas de retard, nous avons bien retrouvé Jean-Michel à l’aéroport de Marseille, les bagages sont arrivés à bon port. Mais alors … ?

L’histoire elle est ailleurs !

Décoller de Marseille, dans un avion d’Air Algérie, cap plein Sud et survoler la "grande bleue" c’est déjà un début d’histoire.

Et puis au bout d’une petite heure voir apparaître petit à petit les échancrures de la côte algérienne, et puis passer au dessus de cette terre si belle et si riche, et puis découvrir du ciel une immense agglomération, et puis dans un coin de hublot voir fugitivement le fil du pont de Sidi M’Cid tendu au dessus d’un à pic de rochers ocres, et puis reconnaître des lieux familiers vus du ciel, et puis les roues qui prennent contact avec le sol, ce sol quitté il y a 43 ans, c’est une histoire qui prend corps.Nadra nous accueille à l'aéroport

Bien sûr avec les différentes formalités il faut presque autant de temps pour sortir de l’aéroport que pour traverser la Méditerranée, mais quelle importance puisque ça fait si longtemps qu’on l’imagine ce retour.

Et là en sortant de l’aéroport c’est la magie qui commence et qui va durer 7 jours.

Notre amie Nadra est là avec son frère Hichem et Djamel un ami universitaire. Quelques photos pour immortaliser cette arrivée. Nous nous répartissons dans les deux voitures qui nous emportent vers le rocher. Il est maintenant 13 heures.

Après-midi.

Entre l’aéroport et la ville nous découvrons la Constantine d’aujourd’hui. Des cités, des immeubles à n’en plus finir. Puis c’est la traversée du campus de l’université Mentouri. Là également les constructions neuves s’étalent de tous les côtés.
Nous approchons de la ville la circulation se fait plus dense. Un rapide passage devant la superbe mosquée Émir Abd El Kader et nous filons vers Sidi Mabrouk inférieur où habite la famille de notre hôtesse. Nous sommes accueillis par sa famille avec une gentillesse, une simplicité et une sincérité qui m’émerveillent.

Nous avons déjà pris un petit en-cas dans l’avion, mais il est l’heure de passer à table.
Pour commencer chorba, boureks galettes et salade riz, olives, etc … Ensuite mouton avec petits pois et artichauts. Quelques fraises, des oranges et pour finir des makrouds avec le café. Je regrette d’avoir mangé dans l’avion !

Mais les nourritures terrestres ne sont pas les seules au programme du jour. La discussion nous permet déjà d’aborder un bon nombre d’aspect de la vie algérienne, de sa culture, de ses traditions. Nous évoquons également les années meurtrières, qui semblent aujourd’hui appartenir au passé, même si le traumatisme est toujours présent. La vie retrouve petit à petit la paix et la liberté qu’elle avait perdue.

Les banques étant fermées on nous propose immédiatement de nous prêter de l'argent pour nos premiers frais.

Nous reprenons alors les voitures pour un premier petit tour dans la ville après avoir déposé nos bagages à l'hôtel. Le petit tour dans la ville se traduit par une visite presque complète des lieux incontournables de la ville des ponts.

Premier arrêt émotion : l'ancienne rue Sassy (près de la préfecture) où vécurent Jean-Claude et Jean-Michel. Jean-Claude retrouve des lieux quittés 42 ans plus tôt (Jean-Michel était déjà revenu à cet endroit il y a 20 ans). L'émotion est visible. Séance photos et suite du circuit.
Je retrouve ma maison du faubourg LamyEt bien sûr notre chemin passe par le faubourg Lamy de mon enfance ! Arrêt rue Marcel Gurriet, devant le numéro 3. J'ai vraiment la gorge serrée. La maison est là presque inchangée. Juste en face la maison de ma copine Claude avec son palmier qui monte toujours la garde. Je descends jusqu'à l'école Bianco et la petite placette du même nom. Mais il s'y joue une partie de football suivie par un grand nombre de jeunes spectateurs, ce qui m'empêche de la revoir parfaitement. Ce n'est qu'une première approche, j'espère que nous allons y revenir d'ici quelques jours.

Nous continuons notre circuit, mais en quittant le faubourg Lamy, nous perdons la voiture dans laquelle se trouve Jean-Michel. Tant pis nous le retrouverons à l'hôtel.

Nous prenons congés de nos guides sous les arcades de l'ex rue Rohault de Fleury, la rue Rol comme disent encore les Constantinois, et nous nous installons dans nos chambres de l'hôtel des Princes. Celles-ci sont très agréables et surtout la vue est extraordinaire sur le pont Sidi Rached et une bonne partie de la ville.
Peu de temps après notre arrivée Jean-Michel frappe à ma porte. Ses premiers mots sont : "Nous sommes invités pour ce soir". En effet, étant rentré plus tôt, il est allé revoir vers son ancienne maison si ses anciens voisins sont toujours là. Et ils y sont, et aussitôt l'on invité à dîner. De plus ce 1er mai l'on fête le Mouloud (anniversaire de la naissance du prophète Mahomet), nous avons donc droit à un repas traditionnel avec la chakhchoukha.
Là encore la conversation part sur les mêmes sujets que le midi, avec les mêmes sentiments et conclusions.

Après un dernier thé, nous rentrons à l'hôtel, mais la soirée est loin d'être terminée.Feu de Bengale pour le Mouloud Chez nous le 14 juillet nous tirons un feu d'artifice. Mais ici chacun tire son propre feu d'artifice. Dans une ville de plus de 800 000 habitants je vous laisse imaginer le spectacle. Partout ce ne sont qu'explosions en tous genres : pétards petits et gros, à répétition, fusées, feux de Bengale, etc ...
Du gamin de 5 ans au jeune adulte et plus, tout le monde tire des pétards. Au total on nous indique qu'il en est arrivé sept containers ! Ce sont donc des centaines de milliers d'explosions diverses dans tous les coins de la ville. Ce débordement de liesse avait commencé avant notre arrivée et dure jusqu'à plus de minuit. En ajoutant la musique d'une soirée organisée pour l'occasion, juste sous nos fenêtres, pas possible de fermer l'œil avant minuit et demi. Mais quelle ambiance !

Il ne me reste plus qu'à trouver le sommeil en attendant le chant du muezzin de 3 heures et demie, le chant du coq de 5 heures et le début du trafic automobile.

De cette première demie journée je retiens également une impression partagée avec Jean-Claude : nos yeux d'enfants avaient agrandis les lieux où nous avions vécu. Tout nous paraît beaucoup plus petit que dans notre souvenir. Jean-Michel nous dit avoir éprouvé la même sensation lors de son premier séjour.

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