X
Horrible châtiment d'une mascarade.
- Un peintre malgré lui. Fresques. - Vues de villes. - Plantation des
jardins. - Férocité du bey. - Un espion - La Mahakma.
Autour de la cour dite de l'État-major
sont plusieurs grandes chambres.
Le bureau des officiers attachés à la direction des affaires arabes, situé
à proximité, était une habitation de femmes. Il a été le théâtre d'un
fait qui montre encore à quelles extrémités se portait El hadj Ahmed quand
il était aveuglé par ses instincts sanguinaire.
Plusieurs femmes réunies dans cette chambre étaient un soir à la recherche
d'un sujet d'amusement qui égayât leur solitude. L'une d'elles, découvrant
par hasard une pipe, s'affubla à la hâte d'un turban pyramidal, et alors
commença une mascarade bouffonne et du reste fort inoffensive : on joua
au bey. Celle qui remplissait le principal rôle, assise sur des piles
de coussins et sa pipe à la bouche, imitait avec un sérieux des plus grotesques
la voix et les gestes du maître ; autour d'elle, attifées d'une manière
non moins burlesque, siégeaient des conseillers, des kadis et des gens
de loi. De temps en temps, un chaouch féminin amenait de prétendus criminels
devant ce tribunal improvisé et, sur un signe du bey en jupons, on simulait
des distributions de bastonnade.
Mais, au milieu de leurs jeux innocents, les pauvres femmes oublièrent
la règle sévère du lieu où elles se trouvaient, et leur gaieté devint
si bruyante qu'elle éveilla le cerbère rébarbatif. A ce bruit inusité,
El hadj Ahmed s'avança à pas de loup vers l'appartement d'où partaient
les éclats de rire : à travers les fenêtres, il vit ce qui se passait
et comprit que l'on s'amusait à ses dépens. Tout autre eût ri de la plaisanterie;
le barbare, au contraire, entra comme la foudre au milieu de ses esclaves,
arracha de son trône la malheureuse qui présidait à la mascarade, lui
fit d'abord coudre les lèvres pour avoir osé y porter le bout de sa pipe,
puis ordonna de la conduire cette nuit même au delà du Koudiat Ati, où
on l'enterra après l'avoir égorgée.
De la cour de l'État-major, on suit une galerie qui entoure le grand jardin.
Le haut du mur latéral est couvert de peintures qui méritent quelque attention.
On raconte à ce sujet, disent les voyageurs, une anecdote qui prouve qu'avec
de la volonté, de la patience - et la crainte des coups de fouet - il
n'est rien qu'on ne soit capable de faire.
El hadj Ahmed bey, trouvant les murs de son palais d'une couleur trop
monotone et voulant égayer ses yeux par des allégories ou des symboles
qui rappelassent sa toute-puissance, fit venir l'intendant général de
sa maison et de ses menus plaisirs et lui ordonna de faire peindre à fresque
toutes les murailles intérieures de ses cours.
L'intendant reçut l'ordre sans murmurer, bien que l'exécution lui en parût
peu praticable, attendu qu'il ne se trouvait pas à Constantine un seul
artiste indigène capable de répondre au désir du bey. Mais une idée lumineuse
jaillit de son cerveau au moment où le désespoir allait s'emparer de lui:
il se rappela qu'un chien de chrétien gémissait depuis deux ans
dans une des prisons de la ville. Il le fit venir, lui donna couleurs,
brosses et pinceaux, et après lui avoir expliqué ce que désirait le bey,
il ordonna au Raphaël improvisé de se mettre à l'uvre sans désemparer.
"Mais, Votre Seigneurie se trompe, lui dit avec effroi le malheureux
prisonnier; je n'ai jamais peint, ni dessiné de ma vie; je suis cordonnier
de mon état et je n'ai jamais manié d'autre instrument que l'alêne et
le tranchet."
"Tu vas te mettre à peindre, répondit l'intendant à toutes ces observations.
Demain matin, je reviendrai voir ton ouvrage, et si je ne suis pas content,
je te ferai administrer vingt-cinq coups de fouet. Si au contraire tu
exécutes mes ordres, je te promets la liberté."
Le pauvre cordonnier passa les deux premiers jours entre les larmes et
les coups de fouet, sans toucher aux brosses et aux couleurs. Cependant,
le troisième jour, la réflexion lui vint avec les coups de fouet. Il se
mit à brosser sur les murs des images représentant des bateaux, des arbres,
des canons, comme en ferait un enfant à l'école quand il dessine des bonshommes.
Il enlumina tout cela à sa manière et il attendit la visite de l'intendant
dans une anxiété horrible, s'attendant à ce qu'il doublerait la dose des
coups de fouet, pour le punir de s'être permis une aussi mauvaise plaisanterie.
O miracle ! L'intendant parut émerveillé. Des encouragements furent donnés
à l'artiste, qui bientôt eut terminé son uvre et reçut pour prix
sa liberté.
On ajoute que le bey disait à ses familiers : "Ce chien de chrétien
voulait me tromper; mais je savais bien, moi, que tous les Français
étaient peintres !"
Certes voilà une histoire de touriste qui mérite à plus d'un titre l'application
du proverbe italien : Se non e vero, e ben trovato. Mais il sera
curieux pour le lecteur de comparer ce récit où la fantaisie tient la
plus large place avec les renseignements que m'ont fournis quelques-uns
des artistes indigènes qui ont exécuté ces peintures.
Quand les travaux de construction furent assez avancés pour permettre
de s'occuper de l'ornementation des murs, le bey fit réunir tous les peintres
de la localité et leur en confia le soin. Plusieurs individus, dont quelques-uns
vivent encore, se mirent à l'uvre et peignirent à fresque ces rosaces
aux couleurs éclatantes, ces pots à fleurs fantastiques et les autres
bariolages étranges que nous voyons sur les murailles des galeries et
des appartements du palais. Pour l'exactitude des faits, je dois ajouter
qu'ils ne furent que les grossiers imitateurs de certaines peintures à
fresque qui existaient déjà sur les murs d'une chambre de la maison du
calife, où se trouve actuellement le trésorier payeur. Ces peintures,
assez médiocres du reste, avaient été faites en 1793 par un des ouvriers
mahonnais que Salah bey avait employés à la construction du pont d'El
Kantara, qui s'est écroulé il y a quelques années. Ces premiers travaux
d'embellissement étaient déjà en voie d'exécution quand arriva à Constantine
un indigène originaire d'Alger, qui revenait d'Égypte, où il avait servi
d'apprenti auprès d'un peintre décorateur en renom. Le nouveau venu, nommé
El hadj Yousef, offrit ses services au bey et lui proposa de reproduire
sur les murs de son palais la vue des villes qu'il avait visitées pendant
son pèlerinage, depuis Alger jusqu'à la Mecque.
Le bey, enchanté de cette proposition, donna carrière au talent du peintre;
et l'on peut constater, en effet, que l'imagination la plus libre dirigea
ses uvres. Ce serait donc à cet indigène et non au cordonnier européen
inventé par les touristes que l'on devrait ces images burlesques de villes
et de forteresses armées de plusieurs étages de canons impossibles; ces
citadelles pavoisées de drapeaux plus grands que la citadelle elle-même;
ces vaisseaux, ces tartanes, ces bombardes de toute forme, dont les moindres
détails de cordages, d'ancres et de voiles sont rendus avec une scrupuleuse
exactitude; enfin ces oiseaux fantastiques et ces arbres indescriptibles
couverts de fruits jaune serin ou rouge écarlate. En 1860, toutes ces
peintures étaient déjà considérablement abîmées par suite de l'humidité.
Il eût été imprudent de confier leur restauration à des ouvriers européens,
qui inévitablement eussent voulu les perfectionner et, par cela même,
leur ôter le cachet essentiellement original qui les distingue. On eut
donc le bon esprit de confier cette besogne à deux indigènes que la notoriété
publique nous signalait comme ayant contribué aux premiers embellissements
du palais.
Rien de plus primitif que leurs travaux, ainsi que les ustensiles qu'ils
employaient pour les exécuter. Quelques barbes de plume liées au bout
d'un roseau leur servaient de pinceau et une demi-douzaine de tasses à
café posées sur un réchaud contenaient sans cesse à l'état liquide les
couleurs à la colle dont ils avaient besoin. J'ai suivi attentivement
les travaux de ces artistes, perchés sur l'échafaudage avec le sérieux
imperturbable du maâlem indigène, qui, ayant conscience de sa valeur,
est le premier admirateur de ses uvres. Bien souvent je les ai surpris
se servant de leurs doigts en guise de pinceau pour arrêter une ligne,
ou bien à l'aide d'une éponge trempée simplement dans la tasse à couleur,
tamponnant le feuillage trop fané des arbres pour lui redonner du ton.
Quand
on pénètre dans l'intérieur du palais, ces peintures se présentent dans
l'ordre suivant :
Le premier tableau a pour sujet la ville d'Alger, bâtie en amphithéâtre
et dominée par la Kasba. Les murs d'enceinte sont garnis de clochetons
entre lesquels apparaissent des canons verts à volée rouge, entourés de
nuages de fumée. Le phare, bordj el Senar, est armé de cinq étages
de canons; partout sont des drapeaux rouges gigantesques. Dans le port
on voit des vaisseaux à la voile, puis des chaloupes portant d'énormes
et grotesques canons montés sur roues. On voit aussi, se croisant dans
l'espace, des boulets que l'on prendrait volontiers pour autant de pains
à cacheter collés sur le mur. Devant le port, arrivent d'autres vaisseaux
à pavillon et à flamme blanche, ce qui me fait supposer que le tableau
représente l'attaque d'Alger par notre escadre en 1830.
Vient ensuite une vue de Constantine dont un des côtés est orné d'une
série d'arceaux représentant l'ancien pont d'El Kantara, sous lequel coule
le Roumel.
Tunis, la Goulette et Tripoli sont entourés de Jardins et de vergers.
Alexandrie et le Caire sont défendus par de nombreuses batteries entremêlées
de coupoles, de minarets et de tombeaux de marabouts. Candie, Rhodes,
sont peuplés de vaisseaux et de moulins à vent tracés au compas. Djedda,
bâtie sur le bord de la mer, a une grande porte sur laquelle sont les
mots Porte de la Mecque, par où passent les pèlerins musulmans
se rendant, dans les lieux saints. Les eaux du bahar Suez sont
tellement transparentes, que les câbles et les ancres des vaisseaux se
voient à travers.
Les murs de la cour de l'État-major contiennent les images de tous les
monuments vénérés de la Mecque et de Médine, toujours avec leur nom à
côté. Le temple de la Mecque est représenté par un vaste bâtiment quadrangulaire
recouvert d'une infinité de coupoles.
Au milieu est une sorte de fer à cheval contenant la pierre noire sur
laquelle est écrit : Il n'y a d'autre Dieu que Dieu, Mohammed est son
prophète. A droite est un minaret avec ces mots: Minaret de Satan,
qu'il soit maudit et lapidé !
Le jardin qui sépare le kiosque de la cour de l'État-major est le plus
vaste du palais. La colonnade qui l'entoure n'a pas moins de vingt mètres
de large sur vingt-cinq de long, et présente dix arcades sur sa face la
plus étendue. L'ouverture des arcades est en moyenne de deux mètres d'un
pilier à l'autre.
Il faut descendre cinq marches pour entrer dans ce jardin. On y remarque
un bassin carré en marbre avec jet d'eau, dont les parois sont richement
couvertes de sculptures.
Lorsque le bey voulut créer ces parterres, il mit en réquisition tous
les juifs de la ville, et les força à apporter dans des coussins la terre
végétale dont il avait besoin. Les travailleurs devaient entrer dans le
palais pieds nus, successivement et en silence, et avoir la précaution,
pour ne pas s'exposer à une grêle de coups de trique, de ne laisser tomber
aucun atome de terre sur les marches des galeries.
On planta ensuite de nombreux arbres fruitiers, des figuiers, des vignes
et même des oliviers. Pendant longtemps ce parterre, où ne se voient aujourd'hui
que des fleurs et des arbustes d'agrément, offrit l'aspect d'un verger
touffu, où vivaient en liberté des gazelles, des paons et des pintades,
ce qui devait égayer cet intérieur.
Le grand bâtiment à un étage qui sert actuellement de façade au palais,
contient un certain nombre de chambres qui servaient jadis à l'habitation
des femmes ou à serrer des effets. Dans le logement qui est aujourd'hui
celui du commandant de place, se trouvaient deux jeunes filles d'une grande
beauté, enlevées, l'une chez les Hanencha, l'autre à Oukès, près de Tebessa.
S'étant parées un jour de leurs plus riches costumes, elles attendaient
ensemble l'heure du défilé officiel devant le bey. Un des nègres de la
driba, voulant sans doute prouver son zèle, accourut auprès de
son maître, et le prévint qu'il avait vu les deux jeunes femmes regarder
par une fenêtre et faire des signes à quelqu'un de la ville. El hadj Ahmed
monta dans la chambre des deux esclaves et commença par les rouer de coups.
Les pauvrettes protestaient de leur innocence; mais, de plus en plus animé
par la colère, El hadj Ahmed les mutila avec un raffinement de barbarie
qu'il nous répugnerait de raconter; puis les deux malheureuses, presque
mourantes, furent conduites à la Kasba et précipitées dans les citernes
romaines, où gisaient déjà tant d'autres victimes.
Quelques mois avant notre seconde expédition contre Constantine, un Maure
d'Alger, nommé Mustapha, fut envoyé dans cette ville pour examiner les
moyens de défense préparés en prévision d'une nouvelle attaque. En même
temps que lui arrivait aussi un autre agent secret, porteur d'une lettre
d'avis écrite par un grand personnage indigène d'Alger, qui entretenait
avec le bey une correspondance d'espionnage très suivie.
El hadj Ahmed, prévenu de la mission du Maure Mustapha, se le fit amener
immédiatement, et le reçut dans la chambre où est actuellement le bureau
de l'état major de la place. Il commença par lui faire raconter ce qui
se passait à Alger, si de nouvelles troupes étaient envoyées de France,
et enfin si nous avions réellement l'intention de faire une nouvelle tentative
sur Constantine.
Quand il eut appris tout ce qu'il voulait savoir, il montra à Mustapha
la lettre qui dévoilait sa mission. Celui-ci, éperdu, se jeta aux pieds
du bey, implorant sa clémence. Un ricanement étrange accueillit ses lamentations.
El hadj Ahmed le repoussant, impitoyablement, lui ouvrit le ventre d'un
coup de yatagan.
Nous écartons les souvenirs de beaucoup d'autres
actes atroces qui témoignent de ce qu'il y avait d'infâme dans le régime
auquel la population de Constantine était soumise. Quel que soit son éloignement
pour notre civilisation, elle ne peut méconnaître combien sous notre autorité
la vie humaine est plus sûre et plus douce (1).
Au fond d'un couloir, à côté du bureau de la place, est une vaste chambre,
ornée comme toutes celles du palais, et qui nous a longtemps servi de
salle d'audience du conseil de guerre. C'était jadis la Mahakma, où se
réglaient les affaires à la fois administratives et judiciaires. Le bey
donnait chaque matin audience à ceux de ses sujets qui avaient des plaintes
à lui soumettre, et de plus, il tenait tous les vendredis, après la prière
de midi, un lit de justice solennel, où il recevait publiquement les réclamations
des habitants de la ville et de la campagne. Les plaignants se prosternaient
au pied du trône (koursi) et criaient: Nous demandons la justice de
Dieu contre notre caïd, notre cheik, ou tel autre qui nous a lésés.
Le plus souvent, c'étaient des Arabes qui venaient accuser leur chef.
Celui ci alors était mandé, et s'il n'avait pas de protecteurs assez puissants
pour lui assurer l'impunité, Ahmed bey prononçait la destitution. Dans
le cas contraire, les plaignants étaient emprisonnés, et quelquefois même
le prince en profitait pour frapper toute la tribu d'une amende au profit
du beylik.
Lorsque des condamnations à mort étaient prononcées, on conduisait les
victimes hors du palais, par une porte voisine de l'appartement des femmes,
et on les entraînait à la driba, maison de supplice, où elles étaient,
suivant leur rang, étranglées ou décapitées. On jetait leur corps ensuite
dans un puits profond qui existait au centre de ce lieu lugubre. Rien
n'était plus fréquent que ces tueries, ordonnées souvent sous le plus
léger grief, et Aïcha, de qui nous tenons cette particularité, nous a
affirmé qu'il était peu de jours où, des fenêtres grillées du harem, elle
ne vît franchir à quelque malheureux le seuil de la terrible porte qui
conduisait à la driba.
Il est un reproche que l'on ne saurait épargner aux architectes du palais.
Ils ne lui ont pas donné assez de solidité.
A la suite des tremblements de terre de 1856, qui causèrent tant de désastres
sur le littoral de la province, surtout à Djidjelli, on ne fut pas surpris
de voir qu'il s'était produit dans le palais de nombreuses lézardes; quelques
colonnes avaient perdu leur aplomb, et les ogives qui ornent l'ancien
kiosque du bey avaient menacé de s'affaisser; mais lorsque l'on voulut
étayer ce pavillon, à l'aide d'un fort éperon en maçonnerie et de barres
de fer solidement scellées, pour empêcher l'écartement des murs latéraux,
on s'aperçut quil n'existait pas de fondations, et que le kiosque
reposait sur des substructions mouvantes.
Cet. édifice mériterait, ce nous semble, d'être classé au nombre des monuments
historiques. On ne se bornerait pas alors à réparer périodiquement les
dégradations : on pourrait entreprendre des travaux qui lui assureraient
plus de solidité.
Charles FÉRAUD.
Il se peut que le lecteur désire savoir comment s'est terminée la vie
de El hadj Ahmed. Après la prise de Constantine (13 octobre 1837), il
se dirigea vers Biskra, s'empara de la ville, mais en fut bientôt chassé
par un khalifa d'Abd-el-Kader. Pendant les six années suivantes, il erra
de côté et d'autre, soulevant les populations arabes contre la domination
française.
Vaincu dans toutes les rencontres, il fit enfin sa soumission au mois
de juin 1848. On le conduisit à Alger, où le gouvernement lui donna une
pension de douze mille francs. Il y vécut dans la retraite, et mourut
paisiblement, le 30 août 1850, à l'âge d'environ soixante-trois ans. Il
est enseveli dans la mosquée de Sidi Abd-er-Rahman, au-dessus du jardin
de Marengo.
1.
Ce que El hadj Ahmed avait fait couper de têtes, en dehors du palais,
sous prétexte de bien gouverner, est à peine calculable. On pourrait s'en
faire quelque idée en lisant sa biographie dans l'Histoire de Constantine
sous les Beys, par C. Vayseettes (1869).
(retour)
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