Malek Haddad - Kateb Yacine
Jamel Ali Khodja

Des écrivains constantinois

 

Pourquoi consacrer une page à Malek Haddad ?

La raison en est très simple. En dehors du fait qu'il s'agit d'un grand écrivain, lorsque nous habitions à Constantine notre maison du faubourg Lamy se situait au 3 rue du Sergent Marcel Gurriet ; au numéro 1, vivait la famille Haddad. Il était donc, du moins par l’intermédiaire de sa famille, notre plus proche voisin. Ma mère m’a rappelé que son père (enseignant en retraite) me disait : " Il faut lire,mon fils, même des bandes dessinées, mais il faut lire ! ".
Au moment où nous étions au faubourg Lamy, Malek Haddad vivait en France, et donc je ne pense pas l’avoir rencontré.


Malek Haddad

Malek Haddad, un grand écrivain algérien d’expression française qui, même s’il a été traduit dans quatorze langues, demeure relativement peu connu, peu médiatisé.

Malek Haddad (photo DR)Né le 5 juillet 1927 à Constantine où il fit ses études, il sera instituteur pendant une courte période avant de s’inscrire à la faculté de droit d’Aix-en-Provence. Il y abandonnera ses études, après 1954, pour aller travailler comme ouvrier agricole, en compagnie de Kateb Yacine, dans le nord de la Camargue, puis au Fezzan (région désertique du sud-ouest de la Libye).

Contrairement à Kateb Yacine qui conçoit la langue française comme "un butin de guerre", qu’il faut conserver et exploiter, Malek Haddad, après avoir dit "nous écrivons le français, nous n’écrivons pas en français" pour souligner que la langue n’est qu’un instrument qui exclut toute aliénation culturelle.
Il vivra la langue française, l’école, comme un exil, plus fort que l’exil : "L’école coloniale colonise l’âme. C’est insidieux, c’est profond… Chez nous, c’est vrai, chaque fois qu’on a fait un bachelier, on a fait un Français ". "Il y a toujours eu une école entre mon passé et moi". "Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue française. "

Mais peut-on jamais échapper à sa vocation, au besoin d’écrire? Et Malek Haddad reprendra son stylo et, faute de pouvoir se mettre dans sa langue à l’instar de Rachid Boudjedra, il continuera à écrire en français...
Comment, en effet, résister à tel chant de sirène ?

Pendant la Guerre de Libération, Malek Haddad collabore à plusieurs revues parmi lesquelles Entretiens, Progrès, Confluents, et Lettres françaises.
Il travaille à la radiodiffusion française et écrit des romans entre 1958 et 1961.
Après 1962 il s'installe à Constantine.
Il collabore à l’hebdomadaire Atlas et à la revue Novembre et dirige, de 1965 à 1968 la page culturelle d’An Nasr qui paraissait alors en langue française. Il va fonder la fameuse revue Promesses quand il sera chargé de la direction de la Culture au ministère de l’Information (1968 à 1972).
En 1974, il est nommé secrétaire de la Nouvelle Union des écrivains algériens.

Malek Haddad décède des suites d'un cancer le 2 juin 1978 à Alger.

Le Palais de la Culture de Constantine porte aujourd'hui le nom de Malek Haddad.

Texte extrait d'un article de Abdelaziz Yessad.

"Si Constantine m'était contée ..."
Une série d'articles écrits par Malek Haddad, parus dans le journal Annasr entre le 4 et le 14 janvier 1966.

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Bibliographie :

- Le malheur en danger (poèmes) La Nef de Paris (1956)
- La dernière impression (roman) Julliard, 1958
- Je t’offrirai une gazelle (roman) Julliard 1959, réédition 10/18
- L’élève et la leçon (roman) Julliard, 1960, réédition 10/18
- Le Quai aux Fleurs ne répond plus (roman) Julliard 1961, réédition 10/18
- Les zéros tournent en rond (essai), Maspéro 1961
- Écoute et je t’appelle (poèmes) Maspéro 1961
- Algériennes, (album de photographies), ministère de l’Information , 1967.

Malek Haddad laissera donc également des inédits et des manuscrits inachevés :
- Les premiers froids (poèmes)
- La Fin des Majuscules (essai)
- Un Wagon sur une île (roman inachevé)
- Les Propos de la quarantaine (chronique)

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Kateb Yacine
Voir le site : www.kateb-yacine.com

Pour commémorer les 20 ans de sa disparition, un hommage sera rendu au defunt Kateb Yacine le 15 Décembre 2009 à la maison de la culture de Constantine.

Communiqué de presse
Dossier de presse

Kateb Yacine, un résistant.

Kateb Yacine (photo D. Djuric)Kateb Yacine est né en 1929 à Constantine. Son père avait une double culture, française et musulmane. Après l'école coranique, il entre à l'école et au lycée français. Il a participé, lorsqu'il avait 15 ans (1945) à Sétif à la grande manifestation des musulmans qui protestent contre la situation inégale qui leur est faite. Kateb est alors arrêté et emprisonné quatre mois durant. Il ne peut reprendre ses études et se rend à Annaba, puis en France. De retour en Algérie, en 1948, il entre au quotidien Alger Républicain et y reste jusqu'en 1951. Il est alors docker, puis il revient en France où il exerce divers métiers, publie son premier roman et part à l'étranger (Italie, Tunisie, Belgique, Allemagne...). Ensuite, il poursuivra ses voyages avec les tournées de ses différents spectacles. Il est mort en 1989.

Romancier, poète, dramaturge, Kateb Yacine fut encore un inlassable chroniqueur : on le découvre dans Minuit passé de douze heures. Depuis les textes légèrement grandiloquents de la jeunesse - le premier d'entre eux, consacré à l'émir Abdelkader, est écrit par un adolescent de dix-sept ans - jusqu'à ceux, pleins de colère et de tristesse contenues, d'après la répression de la jeunesse d'Alger en octobre 1988, on peut suivre tout l'itinéraire d'un grand intellectuel dont le premier souci fut toujours de rester proche de son peuple. « Aucune langue n'est étrangère, à condition de pratiquer d'abord sa propre langue, écrivait-il en 1975. Je m'exprime aujourd'hui en arabe dialectal, dans la langue du peuple algérien. J'apprends aussi à balbutier en langue dite berbère, la langue des ancêtres. C'est un double saut périlleux. Il faut le faire ou se résigner à l'aliénation. »

Loin de se reposer sur les lauriers obtenus pour Nedjma, Kateb Yacine, lui aussi, forma une compagnie théâtrale, subventionnée par le ministère du travail ! Car il se méfiait de la culture comme instrument de reproduction des inégalités sociales. Il choisit le théâtre parce que son peuple était encore majoritairement analphabète, et que c'était à lui qu'il voulait s'adresser. Mais qui voudra faire l'expérience d'une lecture croisée, aujourd'hui rendue possible par ces diverses publications, des articles journalistiques, des poèmes, du théâtre et de Nedjma, comprendra immédiatement l'extraordinaire unité de l'œuvre, qui se déploie dans une impressionnante variété de manières.

Le fil rouge en est la résistance : résistance au colonialisme, puis à la constitution d'une culture nationaliste pour et par une élite fermée, enfin à la sacralisation de l'écrit. C'est ainsi, sans jamais prendre la pose de l'intellectuel éclairé ou du poète inspiré, que Kateb Yacine est devenu, comme le dit justement l'éditeur de Minuit passé de douze heures, l' « un des plus grands écrivains de ce siècle ».

Texte extrait d'un article de François Bouchardeau : http://www.monde-diplomatique.fr/1999/12/BOUCHARDEAU/12775.html
et de http://www.radio-france.fr/parvis/yacine.htm

Bibliographie :

- Minuit passé de douze heures (écrits journalistiques 1947-1989), Édition du Seuil, 1999.
- Nedjma, Édition du Seuil, Paris, 1956, Points roman, 1981.
- Le cercle des représailles, Édition du Seuil, Paris, 1959.
- Le Polygone étoilé, Édition du Seuil, Paris, 1966
- L'homme aux sandales de caoutchouc, Édition du Seuil, Paris, 1970.
- L'œuvre en fragments, Édition Sindbad, 1986.


Théâtre en arabe dialectal algérien :
- Mohammed prends ta valise, 1971.
- Saout Ennisa, 1972.
- La guerre de 2000 ans, 1974.
- La Palestine trahie, 1972-1982.

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Jamel Ali Khodja

Né en 1944 à Constantine, neveu de Malek Haddad. Etudes dans cette ville. Ecrits des poèmes et des nouvelles depuis l'age de 15 ans. Il publie des nouvelles dans des périodiques, puis rédige son premier roman de 1971 à 1974.
Professeur à l'Institut des Langues Vivantes Etrangères de l'Université de Constantine.

Petite note personnelle. J'ai eu le plaisir de rencontrer Jamel Ali Khodja tout simplement puisqu'il habite le faubourg Lamy dans l'ancienne maison des Haddad qui est mitoyenne de celle que nous habitions. Il m'a fait l'immense plaisir de m'offrir et me dédicacer son roman "La Mante Religieuse". SG


Bibliographie :

La mante religieuse, Alger,SNED, 1976
réédité sous le titre
Constantine L'Ensorceleuse, Paris, Le Panthéon, 2009

Le Temps suspendu, Paris, Le Panthéon, 2009

L'Itinéraire de Malek Haddad, Ces: 3e cycle: Langue et littérature Maghrébines: Aix-Marseille 1: 1981.
L'itineraire de Malek Haddad: temoinage et la proposition, thèse (3e cycle) - Université de Provence (Aix-Marseille 1), Centre d'Aix, 1981.

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