La Souika (page 1)

Photos de Pierre Bouchacourt, juin 2005

Il est des quartiers qui sont pour les villes qui les abritent, à la fois le cour, les poumons et l'âme de la ville. Sans eux la ville n'existerait pas. Souika est un de ces quartiers générateurs de villes. Là sont les gènes de Constantine, ses origines, ses filiations, ses histoires humaines, ses racines profondes accrochées a la roche éclatée de la gorge. Voir Constantine sans connaître Souika c'est d'abord n'avoir rien vu, et c'est aussi n'avoir rien compris. Pour celui qui n'y est pas né, il n'en connaîtra jamais que ce que Souika voudra bien lui donner. S'il vient en laissant a l'entrée son bagage, le cour humble et grand ouvert, il aura tout. S'il vient avec ses clichés, il repartira avec, sans avoir rien reçu. C'est pourquoi ce quartier est l'essence même de Constantine. Sans lui, la ville n'aura plus d'âme. Et sans âme une ville n'est plus qu'une agglomération urbaine insipide, inodore, incolore et sans saveur. Il faut sauver ce noyau essentiel de vie, cette trace du passé, toujours renaissant, toujours revivifié par les hommes qui en font, et qui en ont fait depuis des siècles, ce qu'il est. Les techniques, les moyens, les intelligences et les passions, tout existe. Il suffit d'une vraie volonté politique pour que toutes ses armes se mettent au service du sauvetage et de la pérennité de ce patrimoine essentiel.

Pierre Bouchacourt : lpbconsultants@wanadoo.fr

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