Souvenirs
de Tata Mémée


Edmée Monti née Pla, dite Tata Mémée, a été institutrice et directrice de l'école Jean-Jacques Rousseau ; de confession catholique, elle vivait dans le quartier juif et arabe si limitrophe...pour ne pas dire vivant en symbiose. ce ne sont pas des contes mais une narration d'un vécu qui mérite d'être publiée.

Née le 25 mai 1906 à Constantine au domicile familiale sis au 46, rue Vieux, elle était la cinquième des six enfants Pla : Jeanne née en 1888, Alfred-René né en 1890, Edouard-Saturnin né le 30 octobre1893 mais décédé le 16 janvier 1894, Marcelle née en 1896, Edmée et enfin Armandine née en 1909.
Son papa Jean-Claude Pla est né en 1858 à Villesèque-des-Corbières (Aude) ; il était Maître Sellier, ce qui explique sûrement son installation dans le Constantinois. Il épousa en 1889 Marie-Augustine Renouard née en 1873 à Aïn-Kerma au lieu-dit El Guitoun, petite-fille de Marie Guichard, pétroleuse pendant la commune de 1971 et qui fut déportée en Algérie avec ses deux filles... ( il n'y a pas d'erreur entre l'année de mariage de ses parents-89-et la naissance de Jeanne-88 - on sait que l'aînée Jeanne est la seule qui ne soit pas née à Constantine mais dans l'Aude - on recherche où . Les futurs mariés ont quittés le Constantinois pour échapper soit au "qu'en dira-t-on" ou plus certainement à des sanctions pénales civils ou militaires puisque Marie-Augustine n'avait que 15 ans).

En été 1917, Edmée alors âgée de 11 ans perdait sa maman et sa soeur aînée Jeanne emportées par une épidémie nommée "La grippe espagnole".
Nous ignorons quels écoles, collèges et lycées Edmée a pu fréquenter mais nous supposons que ce fut la Doctrine Chrétienne et l'ancien lycée Laveran.
En 1924, elle entrait à l'École Normale de Constantine et en sortait en 1927 avec son diplôme d'institutrice. Son premier poste fut Boumalek, un douar près d'Oued Athménia ; ensuite en 1930, ce fut Tebessa puis Mila (pour la petite histoire, sa belle-soeur Alice "lui prêtait" de temps en temps sa fille Colette pour qu'elle ne soit pas seule).
En 1937, elle était nommée à l'école Jean-Jacques Rousseau. A cette époque, elle lui arrivait de passer et de dormir à l'hôpital chez sa belle-soeur Alice, Elles étaient très proches toutes les deux.  Elle deviendra la directrice de cette école en 1958 et y restera jusqu'en 1964, l'année de sa retraite pour s'installer à Hyères (Var) avec Eval son époux qui décédera en août 1969.

Eval était militaire de carrière dans l'infanterie coloniale.
En 1939, jeune veuf, il revînt à Constantine en quittant Hanoï (Tonkin) avec ses trois enfants : Volney né à Constantine en 1922, Evelyne née à El-Milia en 1927 et Marjan né à Hanoï en 1936. Eval, en première noce, avait épousé en 1921 Clotilde Léïterer née en 1901 à Guettar-el-Aïch ; elle décédera à Hanoï fin octobre 1939.
En juillet 1940, Edmée épousa Eval Monti né en 1898 à Bougie. De ce mariage naquit Bernard en 1942 et Michèle en 1944.
Volney ne vécut pas ou peu à l'école J.J. Rousseau, seuls Evelyne et Marjan grandirent sous ce toit avec Bernard et Michèle.
Edmée nous quitta en automne 1996. Elle repose au cimetière de Hyères à côté d'Eval dans le caveau Monti mais ils ne sont pas seuls, sa belle-soeur Alice Pla, son neveu Roger Pla et son épouse Claudette y reposent aussi.
Amar a sûrement tendu les bras à tout ce petit monde qui lui fût si cher et à moi aussi pour les mener au paradis.

Corinne de Neef

Sa fille (ma grande cousine) m'a autorisée à le publier sur ce site à condition de mettre les noms des personnes citées  qu'avec la première lettre. CdN

 

Sommaire

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L'enfance

L'école Jean-Jacques Rousseau

Eval

Le quartier de l'école Jean-Jacques Rousseau

Amar

Le Lazaret

Michèle et Bernard (brouillon)

Mes parties de chasse (brouillon)

Edmée en photos

 

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Lettre reçue le 9 janvier 2012

Cher Monsieur,

J'ai lu non sans émotion "tata Mémé", sur votre site et  sur orientation de Corinne Denef, petite petite nièce de ma Directrice d'Ecole : Emilie MONTI.

Ma directrice d'Ecole était une Dame, une grande Dame,  une humaniste, un être pétri de bonté, droite, juste, sincère comme le confirment  les extraits de son "journal" écrit  de sa belle plume que je reconnais si bien..

Ces extraits et ces photos sur votre site ont ravivé des souvenirs précieux gravés dans ma mémoire, faits de confiance, d'attachement sincère réciproque, de justice et de grande abnégation de la part de la chère disparue.

J'ai correspondu pendant une dizaine d'années avec Emilie MONTI qui eut ( et qui a encore)  une place de choix dans mon cour.
Je crois, sans prétention, avoir compté un peu dans sa vie.
Point démonstrative, pudique (et moi, à l'époque, tout autant ) elle avait une autorité tranquille et fut pour moi une merveilleuse seconde maman. 

Durant ma scolarité de 6 ans à l'Ecole J. J Rousseau qu'elle dirigeait  de "main de Maître", j'étais dispensée des cours d'arabe car suivant les cours du soir à la Medersa (Ecole libre). Elle m'occupait  utilement à diverses choses dans son bureau dont l'inventaire des livres de la bibliothèque de l'Ecole.
J'écoutais religieusement ses brèves explications, chuchotées ..
Elle m'a ainsi enseigné une foule de choses dont la rigueur et le goût de la lecture, c'est à dire l'essentiel.

J'étais une jeune enfant arabe studieuse (venant d'une fratrie de 13 enfants).
Cela suffisait pour forcer son respect à mon endroit et à l'égard de ma mère - ma  merveilleuse maman- et  de toute ma famille .

J'ai visité Emilie MONTI  lors de son passage à Constantine dans les années 70. C'était précisément chez les parents de Corinne.
Un moment de grand bonheur teinté de nostalgie... Beaucoup de pudeur de ma part et de la sienne aussi.
Je n'ai jamais pu lui dire combien elle comptait pour moi et elle pas davantage.
Certes je lui écrivais, je lui téléphonais  mais pas aussi souvent que je le souhaitais.

Je suis allée lui rendre visite à Hyères chez elle, dans la maison familiale, à 2 reprises dont une fois avec mes enfants.
Nous étions elle et moi submergées d'émotion. je lui avais dit mon ou mes métiers. Ses yeux brillaient de fierté et de larmes aussi.

Je suis toujours en relation amicale et affectueuse avec une de ses filles Michèle, fidèle. Merveilleuse Michèle qui fait partie du paysage de mon enfance et
à laquelle je suis, malgré le temps et la distance, très attachée.

A  Corinne merci infiniment merci! A Toi Michèle toute mon affection!
A vous cher Monsieur, un grand bravo pour votre site et toute ma gratitude pour m'avoir donné quelques moments de grande félicité .
Merci de votre  patience et de votre indulgence  pour lire ces quelques lignes, écrites à la hâte, faible témoignage à la mémoire de cette femme
exceptionnelle que fut Emilie MONTI.

Vous pourrez, si vous le souhaitez, publier sur votre site, cette lettre. Elle fera peut-être plaisir à sa chère famille et à  tous ceux ou celles qui ont eu le privilège immense de l'approcher.

Cordialement

Schéhérazade  Zerouala