L'amour d'une ville
Chers
amis de Constantine,
Lors de notre rencontre avec Serge, Jean-Claude
et Jean-Michel, il n'y avait plus de Français, plus d'Algériens,
mais des Constantinois, des hommes et une femme à la recherche
d'une enfance dans un présent promettant un avenir plein de sérénité.
Oui, les Constantinois sont unis comme les doigts de la main.
Ceux qui venaient se ressourcer ont largement bu dans des paumes largement
ouvertes. Nous avons tous goûté à l'amour d'une ville
qui n'en a jamais été avare. Oui, nous n'étions plus
que des enfants qui fêtaient leur retour au bercail. Chacun de nous
montrait à l'autre ce qu'il ne savait pas, ne connaissait pas.
J'ai redécouvert ma ville à travers les yeux de notre cher
trio et ils ont retrouvé leur ville inchangée à travers
un accueil que nous étions loin de soupçonner, d'imaginer
à peine. Constantine avait un air de fête dans toute la fidélité
de ses habitudes, ses traditions. Les roses et les fleurs d'oranger étaient
au rendez-vous, les mûres aussi. Les odeurs des beignets sucrés...
Nos ponts n'ont jamais été aussi beaux, nos rues aussi grouillantes,
l'humeur et l'humour aussi florissants. Constantine était heureuse
de regrouper ses enfants, retrouver ses jeunes voix.
Les Constantinois sont constantinois bien avant d'être juifs, chrétiens
ou musulmans. Ceux qui le contestent jettent un doute sur leur véritable
origine. C'est l'un des éléments qui crient à tue-tête
l'Authenticité qui nous est chère, nous, Cirtéens.
8 jours avec Serge et Jean-Claude et 8 jours encore avec Jean-Michel et
une amitié, déjà bien assise à travers ce
merveilleux site qui nous est offert gracieusement, a pris une vigueur
extraordinaire. Les rues, les murs, les fleurs d'une toiture ou d'une
gouttière de cette Souika chère à mon cœur,
une gargotte, un foyer, un sourire, une main gratuitement tendue,... nous
ont montré combien l'amour d'une ville pouvait unir.
Le sourire ne quittait pas le visage de Serge et ses yeux pétillaient
de bonheur. Sur le visage de Jean-Claude une émotion soutenue,
difficilement retenue, un cœur qui s'exprime. Jean-Michel avait l'air
de n'avoir jamais quitté la ville. Un poisson dans l'eau. C'est
lui qui m'a offert ma première botte de "harcha" après
30 ans de privation de ce délice. C'est Jean-Claude qui m'a offert
de la z'labia, des makrouds et qui a partagé ses nèfles
avec tout le monde. Il y avait du "ch'bet" et des figues séchées
et...tant d'autres délices que seule Constantine peut offrir sur
la table du salon de l'hôtel et l'hôtel était en fête.
On n'avait plus besoin de prononcer leurs noms à la réception.
C'est tout juste si la direction n'avait posé une pancarte avec
une flèche. Serge était hors du temps. Heureux!
Ce bonheur, mes Amis, il faut le communiquer, donner l'occasion aux autres
enfants de Constantine de le vivre. Nous avons un même Dieu, un
même regard, un même cœur, un même amour.... Mettons
fin à ces insignifiants différents qui attisent des polémiques
qui ne mènent nulle part . Depuis longtemps ces braises agonisent.
Laissons les rendre l'âme enfin. Construisons, agissons!
Jean-Michel, je t'ai senti plus algérien que certains Algériens.
Tu l'es jusqu'au bout des ongles. Mon père m'a même demandé
si tu ne te faisais pas "passer" pour un français.
Constantine attend tous ses enfants.
Najia
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