24 avril 2013
Après le modeste «échantillon» de reconstitution d'une rue à Souika
La médina de Constantine attend toujours sa réhabilitation
De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
La Vieille ville de Constantine, Souika, pourrait-elle aspirer à la récupération, fût-elle partielle, de son patrimoine architectural usé par le temps et la passivité de ses habitants et des responsables locaux ? Il est vrai que la situation de la médina s'avère complexe vu l'état dégradé dans lequel se trouve ce vieux et mystérieux Constantine, après plusieurs altérations. Mais, aujourd'hui, des mécanismes de sauvegarde se mettent en place et la casbah est désormais intégrée aux vingt plans (dont la casbah d'Alger, Dellys, ksour) entérinés par le ministère de la Culture dans le cadre de la préservation du patrimoine sous toutes ses formes. De surcroit, il y a urgence avec l'approche du rendez-vous de 2015 qui fait de Constantine la capitale de la culture arabe. C'est l'occasion propice pour apporter des mises à jour et faire repartir les projets qui stagnent dans la wilaya. Outre cette médina malmenée des années durant par la nature et l'indélicatesse manifeste de la société (aucune association ne travaille pour sa préservation), d'autres sites sont concernés dont Tiddis à Beni H'midane et le tombeau de Massinissa au Khroub. Toutefois, la restauration qui s'impose comme une nécessité impérieuse et délicate à la fois, concerne cette vielle ville avec tous ses quartiers, ses hammams, sa mosquée, sa fontaine,. C'est un véritable chantier qui devra s'ouvrir, avec un encadrement spécialisé et l'adhésion de la population pour mener à bien cette mission qui sauvera de la disparition ce patrimoine matériel à la valeur culturelle et civilisationnelle inestimable et irremplaçable.
La ratification du plan permanent de sauvegarde et la mise en valeur du secteur sauvegardé constitue, selon les responsables locaux, un pas important qui permet le passage à l'action en matière de réhabilitation des sites. La modeste expérience du genre menée avec la rue Mellah Slimane (Souika) par des spécialistes nationaux devait enclencher une dynamique. Malheureusement le déclic n'a pas eu lieu, laissant le reste du site se détériorer, impuissants devant l'incivisme de la population et le mutisme des prétendus «sauveteurs» des espaces anciens. Mais vraisemblablement, ça ne serait plus qu'une question de jours pour que le chantier de restauration soit relancé. Plusieurs visites ont été effectuées ces derniers mois par des commissions ministérielles. A priori, toutes les données ont été relevées et transmises fidèlement au ministère de la Culture qui devrait se prononcer incessamment sur le démarrage des travaux de reconstitution. «Les outils adoptés à Tlemcen lors de sa préparation pour être Capitale de la culture islamique en matière de travaux seront appliqués à Constantine», affirme la Direction de la culture de la wilaya. Autrement dit, la riche expérience concernant la sauvegarde des lieux historiques et identitaires avec leur propre aspect architectural qui a été capitalisée à Tlemcen, se traduira à la Vieille ville de Constantine. C'est l'Office national de gestion et d'exploitation de biens culturels protégés (Ogcb) qui se chargera de ce lourd dossier de la médina. «Pour l'heure, je ne pourrais pas avancer une date précise sur l'entame des opérations. Puisque les prérogatives d'interventions reviennent à l'office et donc la Direction de la culture se penchera sur la programmation qui lui est astreinte», dira le directeur, M. Foughali. Et de promettre : «Une chose est sûre, avec l'ouverture imminente d'une antenne de l'office à Constantine les dispositifs se mettront en marche automatiquement, c'est à dire les bureaux d'études qui seront choisis entreront en action avec le concours de toutes les compétences.» En ce qui concerne les entreprises qui se chargeront des ouvres, la question, quoiqu'élucidée avec l'éventuelle intégration de «compétences» internationales spécialisées dans ce domaine, l'Ogcb compte - comme édicté dans la démarche du ministère de la Culture- intégrer des sociétés algériennes qui ont fait preuve de professionnalisme en la matière. Autrement dit, la restauration de la Vieille ville qui s'étalera sur plusieurs mois, voire plus, constituera un atelier ouvert aux différents intervenants locaux pour acquérir un apprentissage aux côtés des spécialistes qui viendront d'autres pays pour garantir une meilleure sauvegarde du site. C'est plus qu'un vou, c'est une exigence qui s'impose d'elle-même étant donné les antérieures réhabilitations qui avaient été mal entreprises, certaines ont même «massacré» des sites. Le Palais Ahmed bey et le Tombeau de Massinissa sont deux exemples de ce genre d'opérations où restauration a été confondue avec rafistolage. «La délicatesse de ce genre de missions exige une main-d'ouvre qualifiée à l'expérience avérée. Ce n'est pas une tare que de solliciter des restaurateurs étrangers pour réhabiliter notre patrimoine. Au contraire, c'est le souci de la bonne préservation qui doit primer dans cette optique», reconnaîtra un architecte qui, cependant, insistera sur la durée des opérations qui doivent prendre le temps qu'il faut sans toutefois s'éterniser. «On ne peut pas donner une date exacte pour la livraison d'un tel chantier. Des sites pareils de par le monde requièrent du temps. Le plus important est que les ateliers démarrent et qu'ils soient menés par de vrais professionnels pour sauvegarder sans dégâts le site», expliquera-t-il. Cette précision est relayée par les responsables également, même s'ils affichent une certaine appréhension quant aux retards que la restauration pourrait induire. Mais la volonté est là, et tout le monde affirme que tout sera fait pour que Souika, et même les autres sites et vestiges patrimoniaux de la wilaya, soient au rendez-vous. Ainsi, d'ici à 2015, et au-delà très probablement, la Vieille ville devrait être la scène sur laquelle les apprentis et les restaurateurs, sous la loupe de l'Ogcb, s'alterneraient afin de rendre à la médina son image originelle.
N. H.
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