7 décembre 2005
REHABILITATION DE LA MEDINA DE CONSTANTINE
Les Italiens livrent leurs
premières conclusions face à un important aréopage
officiel
La salle de délibération de l'APW de Constantine
a accueilli au cours de la journée d'hier une importante délégation
composée de Son Excellence l'ambassadeur d'Italie, du ministre
de l'Habitat et de la Construction, de celui délégué à la
ville, du secrétaire général du ministère
de la Culture représentant la ministre, des membres de l'exécutif
directement concernés par l'ordre du jour, des universitaires
et de l'équipe de chercheurs italiens chargés de l'étude
d'assainissement et d'aménagement de la Médina, la vieille
ville ou Souika.
Tour à tour, chacun des représentants du gouvernement a tenu à formuler
les préoccupations mais également les voux de son secteur quant à la
réhabilitation de la Médina de manière à ce que soit
préservée la mémoire historico-culturelle du site mais également
en tenant compte de l'aspect de la cité (la ville) telle qu'elle se présente
aujourd'hui.
Des préoccupations qui n'ont, certes, pas échappé aux experts
italiens qui se sont attelés depuis la fin de l'année 2002, date à laquelle
ils ont entamé leurs premières investigations et contacts avec
les représentants locaux des pouvoirs publics et des personnes agissant ès
qualité ou ayant autorité en la matière, à l'enseigne
des universitaires.
D'emblée, Med Nadir Hamimid a demandé à «voir» les
variantes retenues dans le cadre du studieux travail des experts de Roma III.
Tour à tour défileront les différents intervenants sur l'étude
ayant consisté en une collecte minutieuse du «plus petit indice»,
selon l'expression utilisée, un travail approfondi de recherches archivistiques
auprès d'institutions parisiennes, et pour cause, pour aboutir, enfin, à une
esquisse virtuelle de ce que pourrait être la Médina si la proposition était
agréée par l'Etat algérien. L'un des experts italiens dira
même que «parmi la ou les variantes présentées, il
pouvait ne pas y avoir la meilleure ; toutefois, toutes les données
définitives sont là pour pouvoir livrer un travail achevé et
qui tienne compte de la complexité de l'ouvre en matière de respect
de l'environnement extérieur à la vieille ville. Néanmoins,
compte tenu de l'état de dégradation de certaines structures, il
paraît inévitable de faire procéder à certaines transformations,
lesquelles, toutefois, n'en défigureraient pas pour autant leur aspect
initial tout en préservant les fibres affective, culturelle et historique
auxquels tiennent légitimement les citoyens et les autorités locales».
Il faut rendre hommage au travail de fourmi des experts de l'université italienne
de Roma III qui sont parvenus à obtenir des documents d'archives, très
souvent des croquis faits main parfois au trait grossier, remontant à 1846
et qui ont permis d'avancer très sérieusement sur la politique
d'urbanisation projetée par les forces d'occupation colonialistes. Certaines
informations relevaient déjà du «Confidentiel-Defense»,
compte tenu de la ferme opposition du ministère de la Guerre de l'époque à leur
exploitation.
Cela étant, il faut souligner, ici et maintenant, la particulière
exhumation du dossier de la Médina qui a toutefois commencé à prendre
une dimension d'«affaire d'Etat» au début de l'été de
l'année en cours quand une systématique et tout autant sauvage
opération de démolition d'une partie de la vieille ville a été décidée,
sinon étrangement tolérée, par et la wilaya et l'APC de
Constantine. Une levée de boucliers sans commune mesure du mouvement citoyen
avait permis l'arrêt du massacre de près d'une cinquantaine de bâtisses,
exhortant Mme Toumi à déployer beaucoup de verve pour obtenir le
classement du site et la préservation des lieux à la lumière
d'une batterie de dispositions réglementaires contenues dans le décret
exécutif n°05-208 du 4 juin 2005. Une intervention qu'elle confortera
par une visite d'inspection dans la ville des Ponts et dans la Médina
même les 13 et 14 octobre dernier.
En conclusion, les représentants du gouvernement ont été unanimes à dire
le grand souci du président de la République à préserver
tout ce qui pourrait être préservé et surtout protéger
l'identité nationale algérienne, quelles que soient ses ramifications
ou spécificités. Au cours de l'après-midi, la délégation,
en plus de la Médina, devra se déplacer à El Khroub où est
prévue la réalisation d'un village numide autour du tombeau de
Massinissa.
A. Lemili
Retour à
la revue de presse