8 février 2005
INTEMPERIES ET GLISSEMENTS DE TERRAIN
Le coup de grâce au vieux bati
Les dernières neiges qui se sont abattues sur Constantine, pendant
près d’une semaine sans discontinuer, et le dégel
naturel qui s’en est suivi ont été loin d’améliorer
la situation de l’habitat précaire.
Bien au contraire, ces intempéries n’auront fait qu’accentuer,
voire accélérer la décrépitude de certaines
maisonnettes, souvent bicentenaires, qui constituent un véritable
danger de mort pour toutes ces familles que la politique du relogement
n’a pas encore touchées de ses bienfaits.
Au niveau de la vieille ville, et plus exactement rue des Frères
Arafa, un quartier que les vieux Constantinois dénomment toujours
Place des Galettes, des familles continuent de vivre un véritable
calvaire et ne savent toujours pas à qui s’adresser. «Nous
n’arrivons plus à gérer et devant tous les problèmes
que nous rencontrons, explique ce père de famille, nous avons
l’impression que plus personne ne veut nous écouter et
que nous formons une catégorie de parias. Au fil des ans et des
déboires, nous n’avons jamais perdu espoir mais aujourd’hui
trop, c’en est trop. Nous avons au cours de ces dernières
semaines multiplié les requêtes, frappé à
toutes les portes. En vain ! En date du 15 juin 2003, nous avons saisi
la wilaya qui a dépêché sa cellule de réhabilitation
et de sauvegarde de la vieille ville. Un atelier technique s’est
donc déplacé pour constater sur place l’état
des lieux.
Le constat sans complaisance de ces techniciens est clair: déformation
dangereuse du dallage du patio, éclatement du collecteur d’assainissement,
risques imminents pouvant entraîner des maladies à transmission
hydrique, effondrement ou enfin tassement complet de l’immeuble».
«Dans ce même rapport, souligne notre interlocuteur, ces
techniciens notaient noir sur blanc que les femmes et les enfants souffrent
de maladies telles que l’asthme et certaines allergies et que
cette situation nécessitait de fait une intervention urgente».
«Depuis ce rapport, soulignent ces familles, la situation a empiré
et nous vivons présentement dans un dépotoir à
ciel ouvert entouré de rats et d’excréments car
il faut appeler les choses par leurs noms ! Les risques d’effondrement
ne sont plus à écarter et nous vivons avec au-dessus de
nos têtes une épée suspendue qui peut à chaque
instant prendre des vies humaines».
Au niveau de l’avenue Zâabane et pour certains bâtiments
plus connus à Constantine sous l’appellation de «beau
marché», des fissures énormes viennent prouver que
ces bâtisses ont passé leur temps. Construites vers 1930,
elles auraient pu résister aux affres du temps mais pas à
celles d’un glissement de terrain pernicieux et qui continue sournoisement
son travail de sape.
En face de ces mêmes habitations, les responsables de la protection
civile ont pris les devants en démolissant tout un bloc qui servait
de dortoir aux sapeurs-pompiers et qui commençait à donner
des signes évidents de lassitude extrême.
Mais quelle serait la solution idoine pour les bâtiments précités
? Certains locataires hésitent à acheter ces biens que
leur propose l’OPGI.
Ils craignent, d’après certains d’entre eux, de faire
un mauvais investissement et attendent que l’OPGI se manifeste
pour de nécessaires travaux de confortement dont ils se disent
prêts à partager les frais. Il faudra préciser que
ce quartier qui sert de véritable gare routière pour les
transports urbains connaît une activité débordante,
plus de cent bus transportant quotidiennement des dizaines de milliers
d’usagers y passent. Avec un peu de nostalgie pour ces bâtiments
d’un certain standing, d’autres sites commencent à
donner quelques inquiétudes et c’est précisément
le cas de certains immeubles du quartier de Aouinet El-Foul qui se trouve
en plein coeur d’une région à très haut risque
de glissements. Même si les autorités en charge de ce problème
font preuve à chaque fois qu’il y a danger d’une
célérité pour reloger les sinistrés, beaucoup
d’habitants d’immeubles à Aouinet El-Foul que nous
avons rencontrés nous disent vivre dans un état d’alerte
permanent surtout quand les conditions climatiques sont mauvaises. Et
c’était le cas ces derniers temps. «Les commissions
se succèdent, relèvent la précarité de notre
situation mais on ne voit toujours rien venir», nous assurent-ils.
Rahmani Aziz
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