1er Mars 2005
«DESTRUCTION D’UN SITE PRÉSERVÉ ET
CLASSÉ PATRIMOINE NATIONAL»
Des associations critiquent les démolitions à Souika
La démolition de vieilles bâtisses à Souika par
les autorités a suscité une véritable levée
de boucliers.
En effet, des associations, celle de la sauvegarde du patrimoine architectural
de la vieille ville de Constantine, celle du Vieux Rocher, et les propriétaires
de bâtisses dans la médina ont dénoncé à
travers un communiqué parvenu, hier, à notre rédaction
«la destruction d’un site préservé et classé
patrimoine national».
Les rédacteurs du communiqué se disent «surpris
par l’opération de démolition de dizaines de maisons
ancestrales de la médina» qui reste, selon eux, une décision
arbitraire et unilatérale prise par les autorités locales
sans aucune concertation avec les légitimes propriétaires,
ni avec la société civile.
Les propriétaires et les associations signataires du document
en notre possession expriment leur désarroi particulièrement
en mettant en avant le projet concernant la médina initié
par le président de la République Abdelaziz Bouteflika,
ayant fait l’objet d’une convention bilatérale entre
l’Algérie et l’Italie, plus connu sous le nom de
«Masterplan».
Un projet, ajoutent-ils, dont les travaux, confiés à d’éminents
spécialistes de l’université de Roma III, sont en
cours d’achèvement. Mieux encore, soutient-on, une exposition
de ce plan a été présentée le 25 février
2005 devant les membres de la cellule de réhabilitation en charge
de ce dossier. Celle-ci, selon les rédacteurs du communiqué,
«excluait toute démolition».
Toujours dans la même veine, les associations développent
un argumentaire qui s’articule autour des différentes visites
de délégations étrangères à la vieille
ville pour signifier tout l’intérêt qui est accordé
à sa réhabilitation. C’est ainsi qu’on parlera
des visites durant les mois de janvier et février 2005 d’officiels
français, ainsi que celle du représentant de l’UNESCO,
envoyé par le directeur général adjoint de cette
institution des Nations unies, chargé de la culture, en l’occurrence
M. Mounir Bouchenaki, éminent expert algérien des sites
et monuments historiques.
«Tous ont la même fascination pour ce site exceptionnel
tant sur le plan naturel qu’architectural et veulent oeuvrer pour
sa sauvegarde, sa restauration et sa classification comme patrimoine
universel appartenant, non seulement à l’Algérie
mais à l’humanité tout entière», soulignent
les auteurs du communiqué. Ces derniers affirment qu’ils
auraient approuvé volontiers cette opération initiée
par les responsables de la ville, si elle visait que l’expulsion
des indus occupants et mettait les maisons évacuées sous
la protection de l’autorité de l’Etat. Etant donné,
soutiennent-ils, qu’il s’agit de la préservation
d’un patrimoine reconnu par sa valeur nationale et universelle.
«Malheureusement, c’est le contraire de ce que nous espérions
des autorités locales qui s’est produit», regrettent
ces associations.
Cependant, elles ne s’arrêtent pas là puisqu’elles
dénoncent dans la foulée et remettent en question les
travaux des commissions techniques qui ont déclaré, selon
elles, ces maisons sinistrées et les ont évacuées
en l’absence des propriétaires.
Pire encore, disent-elles, la majorité de ces bâtisses
sont en parfait état de conservation nécessitant seulement
quelques travaux de restauration. En dernier lieu, les signataires du
communiqué lancent un appel «à toutes celles et
tous ceux qui portent la vieille ville dans leur coeur pour s’associer
à leur action en se mobilisant pour crier haut et fort leur indignation
face à ce crime contre l’histoire».
M. S. Boureni
Retour à
la revue de presse