7 octobre 2002
BIENTÔT UN MUSÉE D`ARTS TRADITIONNELS À
CONSTANTINE
«Nous appartenons à une génération qui
rêve beaucoup. Mais nos rêves sont réalisables. »
Dans le demi-jour du sous-sol du musée Cirta de Constantine,
ces paroles prononcées alors qu`une subite lueur éclaire
l`il de cette enseignante songeuse renvoient à la dure réalité
du patrimoine culturel de Constantine qui « se trouve dans un
état de délabrement indescriptible ». Mais pour
l`Association des amis du musée national Cirta, il est encore
temps de sauver ce que les siècles et surtout le mépris
des tenants de la décision ont jusque-là épargné.
Si nul reproche ne peut être fait au temps d`égrener les
âges, la responsabilité des hommes, elle, en revanche,
est horriblement grande. Depuis quelques années déjà,
arpenter les rues de la ville ou les venelles pavimenteuses de Souika
est un exercice au cours duquel le regard subira l`insulte des monticules
d`immondices et les narines l`agression des odeurs entêtantes
d`urine.
Créée il y a de cela une année, cette association,
qui compte une centaine d`adhérents, ambitionne de créer
un musée des arts traditionnels à Constantine. Au cur
même de Souika, la vieille ville. Comme une réconciliation
de la ville avec sa mémoire. Tout est présent pour la
réussite de ces retrouvailles : le passé plusieurs fois
millénaire de la ville, la maison traditionnelle offerte par
une famille constantinoise et les promesses d`aide du ministère
de la Culture. « Je regrette que Constantine ne dispose que d`un
seul musée. A ce propos, l`association est arrivée au
bon moment pour la réalisation de ce projet. Ce musée
sera d`autant plus attractif qu`il se situera au cur de Souika »,
espère Mme Daho-Kitouni, directrice du musée national
Cirta. Et à la donatrice de la maison, l`enseignante aux rêves
mesurés, de renchérir : « Ma famille possède
une gandoura qui date de plus d`un siècle. Nous la céderons
également au musée. » En plus de rassembler les
objets domestiques et d`artisanat, il est attendu de ce musée
des arts traditionnels un rayonnement culturel sur toute la rue Mellah-Hocine,
envahie par un bric-à-brac de marchandises. Comme il est aussi
attendu l`aide financière du ministère de tutelle pour
la restauration de la maison « vraisemblablement construite avant
l`arrivée des Ottomans ». Ce qui lui attribuerait plus
de quatre siècles d`âge. Car, expliquent les membres de
l`association, « nous voulons une restauration respectueuse de
l`architecture et des matériaux de construction ». En attendant
cette réalisation tant souhaitée, l`association a fini
la rédaction d`une revue, le premier numéro, consacrée
à l`histoire des rues et des quartiers de Constantine effectuée
à partir d`une carte d`état-major datant d`avant-1837,
année de la chute de la ville. Un CD est d`ores et déjà
achevé regroupant les articles écrits sur l`histoire de
la ville entre 1853 et 1971. Mais le nerf de la guerre manque toujours.
Samir Benmalek
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