20/6/2004
Constantine : des trésors d’archéologie
Médina Ses constructions de type traditionnel arabo-musulman
ou colonial sont au nombre de 1056.
C’est ce que fait ressortir une étude récente effectuée
par la «cellule» chargée de la réhabilitation
et de la sauvegarde de la vieille ville. La majorité de ces constructions
est localisée au niveau de La Casbah ( 374) et à Rahbat
Essouf (place de la Laine) (224).
Le responsable de la «cellule», M. Boumaouche, tient à
signaler que «de nombreux équipements culturels de la vieille
ville ont été classés patrimoine national dès
le début des années 1900, il s’agit essentiellement
des mosquées de Sidi Lakhdar (quartier El-Djezzarine) qui date
de 1743, Hassan Bey (1721) ou d’El- Rettania, édifiée
en 1776».
De plus, la vieille ville recèle, dans son sous-sol, de véritables
trésors archéologiques, telle cette découverte
récente (7 juin dernier) d’une mosaïque datant de
l’époque romaine, de poteries anciennes, de jarres et d’ossements
humains, dans une habitation menaçant ruine de la rue Tayeb-Belabed
(haute Souika).
Des archéologues du musée Cirta de Constantine déplorent,
à cet effet, que aucun budget spécifique ne soit alloué
aux fins de fouilles archéologiques. «Les découvertes
sont purement fortuites», tiennent-ils à signaler. Ces
quartiers de la vieille ville possèdent également leurs
propres structures vitales, à savoir 300 commerces, 110 institutions
administratives et 8 financières, 9 centres culturels (bibliothèques,
centres culturels islamiques ainsi que l’institut Benbadis en
voie de réhabilitation).
Mais le constat s’impose : trop longtemps délaissée
au profit d’une modernisation effrénée de la ville
qui s’est faite à son détriment, une grande partie
de la médina est en passe de disparaître à jamais.
Actuellement, près de 50 % de ses constructions traditionnelles
sont vouées à la démolition pure et simple —
pour celles qui ne se sont pas effondrées — et faute de
remède adéquat. «Elles ont été victimes,
nous dira M. Boumaouche, du manque d’entretien, des démolitions
volontaires de la part de leurs propres occupants, espérant de
la sorte se faire reloger dans les nouvelles cités, des séismes,
de la climatologie ou même de la vétusté des matériaux
qui les composent.»
«On conservera quand même les terrains d’assiette,
poursuivra-t-il, qui serviront plus tard à l’édification
de nouvelles constructions du même type…»
En ce qui concerne le reliquat, environ 51% des constructions qui se
trouvent encore dans un état dit «solide» ou seulement
«délabré», feront l’objet d’un
vaste programme de réhabilitation appelé «Master
plan» financé par l’Italie et confié à
une université italienne et qui devrait — sauf contretemps
— s’étaler jusqu’à la fin 2005. Il comporte
des données de la vieille ville et des propositions à
même d’assurer sa réhabilitation.
«Ce plan sera exécuté en trois phases, nous dit-on.
Signalons tout d’abord la collecte et le traitement des données
— phase bouclée actuellement — puis la précision
des objectifs à atteindre, leur compatibilité avec les
moyens existants et l’encadrement technique nécessaire
et, enfin, l’établissement d’un document ou manuel
technique comprenant l’élaboration des dossiers d’exécution
en matière de réhabilitation et de restauration et de
définition des lignes de conduite à adopter pour chaque
zone du vieux bâti.»
«Le Master plan, nous dira M. Boumaouche, responsable de la cellule,
constitue l’un des dossiers les plus importants suivis par notre
équipe, lequel nous permettra d’établir une stratégie
d’intervention.» Pour résumer, les Italiens se chargeront
de la phase «études et propositions» et les Algériens
de la mise en service. Et c’est là que le bât blesse,
semble-t-il, puisque, à l’heure actuelle, aucun budget
n’a encore été arrêté par les autorités
locales ou centrales.
A ce sujet, M. Boumaouche reste confiant. «Au pire, nous confie-t-il,
nous essaierons de convaincre, le moment venu, les Italiens de prendre
en charge tout ou partie des frais qu’occasionneront les nouvelles
réalisations.» Le montant de ces «frais» ne
pourra être fixé qu’ultérieurement, c’est-à-dire
à l’issue de la troisième et ultime phase du «Master
plan».
Boumalit Farid
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