29 août 2005 Le wali sur un terrain glissant
Décontracté et souriant inlassablement, le wali a effectué un petit voyage initiatique en traversant le boulevard Mellah Slimane, allant à la rencontre des citoyens qui ont réagi différemment à cette sortie inopinée et saisi l'occasion, pour certains, pour faire part de leurs doléances, qui en demandant réparation pour avoir subi les scandaleuses démolitions, qui en demandant à être relogé pour éviter les risques d'effondrement de leurs vieilles bâtisses. Vaines interpellations devant le nouveau locataire du cabinet qui répondait par des « Je suis venu pour travailler, alors aide z -moi et soye z patients ». Il faut dire qu'il était « bien encadré » aussi bien par des membres de l'exécutif au fait du dossier de Souika que par ses mêmes imposteurs qui parlent au nom des Constantinois et répondent au nom fatidique et haïssable de « la société civile ». Une représentation exclusive du RND local guidait le visiteur, donnant à peine l'occasion au représentant des habitants de Souika de s'adresser à leur wali. A mi-chemin, M. Boudiaf a saisi le maire de Constantine pour entamer des travaux de réfection du boulevard principal dans un délai n'excédant pas un mois « et engager, s'il le faut, des artisans d'autres régions ». Il insiste là-dessus, quitte à puiser dans des réserves insuffisantes et promet de ramener le financement nécessaire pour réaliser la réhabilitation de la vieille ville, « car, lancera-t-il, je veux laisser mon empreinte à Constantine ». Profession de foi réjouissante, mais un peu précipitée face au terrain glissant que représente le dossier de Souika. On laissera, toutefois, son délai de grâce à notre nouveau wali pour ne pas qualifier sa visite de populiste malgré qu'il a montré son ignorance du dossier et fait preuve d'aventurisme en distribuant les promesses et en appelant à engager les travaux de réfection. Le retard accusé jusque-là est dû à l'absence d'enveloppe conséquente pour réaliser un projet aussi grand, mais aussi à la réticence des propriétaires dont 200 seulement ont déposé des dossiers pour s'inscrire dans le chantier. M. Boudiaf a demandé, néanmoins, que le ravalement des façades soit engagé puisque celles-ci appartiennent à l'Etat. Mais à une observation du directeur de l'urbanisme qui retient une idée du master plan pour créer de placettes, un chemin touristique et de petits hôtels sur les ruines de la partie basse de Souika, le wali a répondu que cela n'est pas urgent et qu'il s'agit d'abord de donner de nouvelles apparences au site. C'est au risque de se retrouver au point z éro, comme si le master plan réalisé par les Italiens de l'université Roma III n'a jamais existé. Nous savons qu'il y a des résistances à cette étude, demandée pourtant par le président de la République, et à son application, mais là, elle risque sérieusement d'être enterrée dans un tiroir. Les Italiens ont déjà signalé, d'ailleurs, la frilosité de la partie algérienne qui hésite à réceptionner le rapport final. Cela serait un véritable gâchis si un tel travail est abandonné pour être remplacé par des initiatives hasardeuses de bas étage. On a beau essayé de tourner la page et se défaire de la responsabilité des précédents massacres qu'a subis Souika, mais l'histoire est implacable et même une réconciliation tous a z imuts ne peut effacer des mémoires les actes commis contre la vieille ville de Constantine. N. Nesrouche
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