25 octobre 2014
Démolition des escaliers reliant le coudiat à la rue
Abane
Jusqu'au bout du massacre
Ce n'est pas le titre d'un film de science-fiction, mais il s'agit bien
d'un fait réel, réalisé et poursuivi avec une détermination
sans pareil par les autorités de la ville, qui ont finalement décidé de
mener à bout l'opération, contre la volonté d'une population
en colère.
Jeudi dernier, fut entamé le dernier épisode de la démolition
au marteau piqueur de ce qui reste des escaliers reliant le Coudiat à la
rue Abane Ramdane, situés à proximité de la direction
de l'éducation et communément connues par «Droudj Bata» (les
escaliers de Bata) en référence à l'ancien magasin de
chaussures. Qualifié de «crime» par la plupart des Constantinois,
l'action connaîtra enfin son épilogue, malgré la contestation
qui a suscité une véritable mobilisation au lendemain de l'entame
de cette opération dans la nuit du lundi 11 août dernier, suite
au lancement des chantiers liés à l'évènement «Constantine
capitale de la culture arabe 2015».
«La démolition de ces escaliers ne trouve aucune justification
si ce n'est un véritable massacre, surtout que la pierre était
toujours en bonne état, mais le fait de casser complètement cette
pierre pour la remplacer par un matériau quelconque n'est que du pur
vandalisme», s'insurge un riverain. Pourtant, ces escaliers en pierre
bleue taillée ont résisté plus de 150 ans depuis les premières
opérations d'arasement du Coudiat et de la réalisation vers 1860
de la fameuse rue Rohault de Fleury (actuelle rue Abane Ramdane).
Après la contestation née au lendemain de l'entame des travaux,
le chantier s'arrêtera pour quelques semaines. Mais c'était trop
tard, car les deux tiers des escaliers ont été déjà démolis,
et réduis en blocs de pierre. Pour cacher cette image ignoble et indigne
qu'on a donnée de ce lieu, des barrières métalliques peintes
en rouge et blanc, seront érigées sur la rue Abane du côté bas,
et sur l'avenue de la Liberté, du côté haut.
Depuis, les autorités, et notamment le wali de Constantine n'ont soufflé aucun
mot sur ce désastre, qui rappelle curieusement celui opéré en
2005 à la vieille ville où plusieurs maisons ont été démolies à tort.
Finalement que devrons-nous retenir de cette action ? Rien, si ce n'est qu'elle
sera gravée comme une tache noire dans l'histoire de la ville et dans
la mémoire collective de ses habitants. Espérons que la leçon
des escaliers du Coudiat soit bien retenue pour éviter d'autres massacres
dans d'autres escaliers, qui représentent une partie du patrimoine de
cette ville.
Arslan Selmane
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