14 décembre 2005
Réhabilitation de Souika
L'association du Vieux-Rocher engage le débat
La réhabilitation du patrimoine architectural et culturel de Constantine,
notamment à travers le Master plan italien, subit la critique de l'association
de défense du Vieux-Rocher et celle regroupant les propriétaires.
S'il faut saluer les initiatives ciblant la restauration et la réhabilitation
des sites historiques, l'association conduite par Ahmed Benyahia, tente
de calmer les ardeurs et apporte un bémol à l'élan
pris par l'administration et les élus dans la conduite des nombreux
projets. Dans une conférence de presse organisée lundi
dernier, M. Benyahia a déclaré que son association
n'a pas été invitée à l'exposé du
Master plan qui a eu lieu la semaine dernière en présence
de deux ministres et de l'ambassadeur italien. Par contre, d'autres représentants
de la société civile étaient présents, ce
qui confirme, selon lui, la mise à l'écart de son association
d'autant que toutes les demandes d'audience sont restées lettre
morte, exception faite d'une rencontre avec le nouveau wali. Le même
sort, c'est-à-dire le silence, est réservé à toutes
les propositions faites aux élus pour permettre le déplacement
des ambassadeurs de l'Union européenne, de l'Espagne, de l'Allemagne,
du Japon, de la France, du Maroc et de la Tunisie et la possibilité d'aide
financière et technique avancée par tous ses partenaires
potentiels en plus de l'ONU et de la Banque mondiale. Cette association
dérange-t-elle ? On est tenté de le croire en l'absence
d'un débat transparent et devant la persistance de politiques
réfractaires à l'idée même de préserver
ce patrimoine. L'un des chantres de cette curieuse Ksentina n'a-t-il
pas défendu récemment la démolition de 34 vieilles
maisons de Souika ? Concernant l'étude présentée
par les Italiens, Mme Benabbès, urbaniste et membre de l'association
a précisé qu'il ne faut pas surévaluer le Master
plan d'autant que l'université Roma III n'est pas spécialisée
dans la restauration. Selon elle, « cette étude n'apporte
rien de plus que le travail réalisé en 1984 par L'Urbaco,
si ce n'est une informatisation des données ». « Ce
qui manque aux Algériens, poursuit-elle, se situe au niveau de
la technicité. Mais les Italiens ont refusé des universitaires
des propositions qui allaient dans ce sens avant que le Master plan ne
deviennent un secret d'alcôve protégé par la complicité de
la DUC et la cellule de réhabilitation. » Par ailleurs,
les conférenciers ont posé le problème des prérogatives
qui se posent entre les deux départements ministérielles, à savoir
celui de l'habitat qui a commandé le Master plan et engagé le
projet et celui de la culture qui se trouve en retrait, alors que la
loi le tient responsable de tout projet qui touche au patrimoine classé et
la vieille ville de Constantine est, en effet, classée depuis
juin 2005. Les réserves formulées par l'association tiennent
au fait que les travaux engagés sur la base du Master plan doivent
obligatoirement se faire dans le cadre du plan de sauvegarde rejoignant
ainsi les remarques faites par les représentants du ministère
de la Culture lors de l'exposé. Dans la foulée, les conférenciers
ont déclaré leur opposition à la démolition
de la prison du Coudiat tout en soulignant l'importance du projet du
tramway. Idem pour les projets de construction des hôtels Accor,
prévue sur le site protégé du Vieux-Rocher et qui
doit obéir à des préalables exprimés par
la loi.
N. Nesrouche
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