9 février 2014
Maisons menaçant ruine à la vielle ville
Des dizaines
de familles en danger
Ce n'est pas une gageure, mais un devoir à accomplir le plus vite
possible : sauver ces familles en danger de mort et sauvegarder ce patrimoine
qui est l'identité même de la ville.
Depuis une dizaine d'années, les vieilles bâtisses dans la vieille
ville, notamment dans le quartier Souika, séparé en deux par
la rue Mellah Slimane, ne cessent de connaître une sérieuse dégradation.
Une situation qui a été accélérée par la
vague des démolitions entamées en février 2005. Un fait
confirmé par les urbanistes et dont les conséquences sont encore
perceptibles à ce jour. Dans ces maisons menacées, des familles
nombreuses continuent d'y vivre.
Selon une étude réalisée à Constantine par un
bureau spécialisé, présentée en 2012, lors d'une
rencontre sur la stratégie retenue pour la réhabilitation de
la vieille ville, l'on saura que 136 habitations menaçant ruine demeurent
toujours occupées, ceci sans parler des commerces se trouvant à proximité. «Cette
situation dure depuis plusieurs années, les fissures des murs extérieurs
sont devenues importantes, alors que les toitures laissent passer les eaux
de pluie ; nous vivons la peur au ventre, notamment durant l'hiver, où l'effondrement
peut survenir à n'importe quel moment», nous dira un habitant
du quartier d'Essayeda, traversé par la rue Abdellah Bey. Notre interlocuteur
qui nous sert de guide nous invite à être témoin d'un cas
insolite. Il s'agit de la maison dite Dar Bendali, devenue par la suite Dar
Benbakir, plus connue actuellement par Dar El Mezabi, dont l'accès se
trouve à l'impasse située à quelques pas de la mosquée
Sidi Moghrof. «La construction à l'architecture arabo-mauresque
a fait l'objet d'une opération de réhabilitation entamée
en 2008, mais qui semble prendre beaucoup de temps. Selon les témoignages
de ceux qui connaissent bien les lieux, la dégradation qui a touché cette
maison a atteint un degré où toute tentative de réhabilitation
est devenue délicate», nous dira notre guide. «La maison
a subi les conséquences des infiltrations des eaux souterraines avant
2005 au point où des parties entières du sol se sont détachées;
malgré tous nos appels à l'époque en direction des autorités
pour sauver les lieux, nous n'avons eu aucune réponse», affirme
un habitant du quartier d'Essayeda.
Des effondrements fréquents
Le plus grave est que cette bâtisse a vu l'effondrement d'une partie
de sa façade du côté de la rue Abdellah Bey, alors que
les échafaudages sont encore sur place. «Même les autres
parties de la maison sont menacées, et cela risque de faire l'effet
de dominos pour les maisons avoisinantes», nous indique un riverain qui
nous invite à faire un tour du côté de la rue Cirta située
juste à proximité, où l'on peut voir qu'un mur entier
est supporté à l'aide de grands madriers. «C'est l'envers
du décor», nous dira un riverain. «Comment voulez-vous que
des familles entières continuent de vivre ici sous la menace et continuer
d'attendre un relogement qui tarde à venir, malgré les victimes
enregistrées ces deux dernières années», poursuit-il.
Ce décor est demeuré inchangé depuis des années
dans les ruelles de la vieille ville. Les multiples rapports des services de
la Protection civile, révélés suite aux multiples opérations
de reconnaissance menées surtout suite aux intempéries, affirment
que la situation a atteint un seuil critique. Des maisons continuent de hanter
le quotidien des habitants à la rue Bekhouche Abdesslam (ex-Bedot),
située au fameux Sabat El Bouchaibi, mais aussi à la rue des
Cousins Kerouaz, dite Zenkat Lamamra, à la rue Benzgoutta, à Zenket
El Mesk, Sidi Bzar, Echat, Sidi Abdelmoumene et dans d'autres sites comme Sidi
Djeliss et Rahbet Essouf. Pour les comités de quartiers de ces lieux,
la seule solution pour mettre fin au calvaire de ces dizaines de familles est
de procéder à leur relogement ,surtout que ces dernières
ont été déjà recensées et se sont vues remettre
les bons d'affectation. Mais l'attente a trop duré.
Arslan Selmane
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