7 décembre 2005 Le plan italien à l'épreuve du terrain Près de trois années après son lancement, l'étude commandée par le ministère de l'Habitat et suivie de près par l'université de Constantine a abouti à un ouvrage bien fourni et conçu comme un instrument méthodologique, à mettre entre les mains des artisans de la réhabilitation. Le ministre de l'Habitat, celui délégué à la Ville ainsi que le représentant du ministère de la Culture n'ont pas caché leur admiration face à cet ouvrage, lors de la cérémonie organisée au siège de la wilaya, en présence de l'ambassadeur d'Italie, des autorités locales ainsi que des architectes des deux universités. Le Master Plan est un dispositif visant à requalifier le vieux bâti en mesure de se consolider et se renouveler dans le temps et l'espace. Cette réhabilitation est censée aussi revitaliser le tissu économique et social de la médina, dans le respect des spécificités locales. Le système conçu par les Italiens est un travail pluridisciplinaire qui fonctionne autour d'un data base informatisé et facilement malléable. Les plans reliefs et autres vieux documents puisés dans les musées français ont été d'une grande utilité à côté des photos satellites. Mais, loin de rester au niveau du recensement, le travail propose une restructuration des espaces dégagés et une série de projets structurants destinés à promouvoir les fonctions touristiques et artisanales. Cet aspect là n'a pas manqué de susciter la réaction des cadres du ministère de la Culture, qui ont rappelé que la vieille ville Souika est classée patrimoine nationale et tout projet, donc, doit être contenu dans le cadre du plan permanent de sauvegarde. Ces interventions ont soulevé la polémique entre partisans de la modernisation et ceux de la sauvegarde. Une polémique tout de suite contenue grâce à l'intervention du wali qui a engagé les représentants de la culture à formuler au plus vite leurs propositions, à même d'adapter le Master Plan et éviter ainsi les lenteurs qui risquent de casser l'élan gouvernemental et local. D'autres préoccupations, et pas des moindres, ont été formulées hier, notamment au sujet du statut immobilier et des problèmes de propriété auxquels risque de se heurter le chantier de réhabilitation, sachant que la quasi-majorité des bâtiments relève de la propriété privée. Le commerce de bazar qui gangrène Souika est pour beaucoup, aussi, dans sa clochardisation et toute projection, estiment les universitaires, devrait prendre en considération cette dimension et la possibilité de la réorientation de l'activité intra-muros. Le débat enclenché hier devrait introduire une phase de concertation entre les différents intervenants afin de parachever l'étude et préparer le terrain de sa mise en ouvre. Cette prolongation ne devrait cependant pas s'éterniser, selon les Italiens, qui rappellent que durant les 24 mois de l'étude, Souika a perdu 34 bâtiments. L'empressement de M. Hamimid, ministre de l'Habitat, et de M. Boudiaf, wali de Constantine, reflète la volonté du gouvernement d'aller vite dans cette entreprise. Ça sera pour le grand bonheur des Constantinois de voir ce projet concrétisé, et revoir cette facette de leur identité renaître de ses cendres. Mais, l'histoire nous a enseignés dans les murs de la ville que la réalité est souvent très têtue. N. Nesrouche |