5 mars 2005
Démolition à la vieille ville de Constantine
Un chantier interrompu
La démolition d’un nombre de bâtisses à la
vieille ville tourne mal pour les autorités locales, sommées
de s’expliquer alors que le chantier est interrompu.
Le tollé qui a été soulevé autour de cette
histoire a, en effet, amené le ministère de la Culture
à dépêcher une commission d’enquête
arrivée mercredi soir et qui a entamé son travail pour
mesurer l’initiative et situer les responsabilités. En
effet, ce qui devait être une simple opération de délogement
d’indus occupants s’est transformé en un grand chantier
de démolition qui ne fait pas de distinguo entre les bâtisses
menaçant ruine et celles encore solides. Cela a attiré
d’abord le courroux des propriétaires qui sont vite montés
au créneau pour dénoncer cette décision jugée
« arbitraire et unilatérale ». Par la suite, c’est
un collectif d’associations œuvrant à la défense
du patrimoine qui a pris le relais et réagi à travers
un communiqué qui condamne sans ambages la démolition.
La vieille ville Souika est, rappelons-le, un site préservé
et classé patrimoine national, ce qui la place sous une protection
juridique qui réglemente toute initiative touchant au bâti.
Le projet du « Master Plan », mené par des experts
italiens qui sont actuellement à l’œuvre, devra fournir
une carte précise d’une vieille ville réaménagée
en prenant en compte les bâtisses à démolir. Ces
dernières existent sans nul doute et il appartient aux autorités
de les évacuer pour préserver des vies humaines. Les défenseurs
du site attirent l’attention, cependant, sur un chantier mené
dans la précipitation et qui risque d’affecter les bâtisses
mitoyennes encore solides. En outre, le travail des commissions techniques
chargées d’évaluer l’état des bâtisses
est tout aussi remis en question par des contre-expertises commandées
par les propriétaires et qui prouvent que la majorité
des bâtisses marquées au rouge est en bon état.
Le bras de fer avec l’administration a pris une sérieuse
allure durant la semaine dernière. Devant l’urgence, une
dynamique citoyenne est née pour réagir et stopper ce
qui est qualifié de « désastre ». Une vingtaine
de personnalités composées d’universitaires, de
juristes, de journalistes et de représentants du mouvement associatif,
s’est réunie jeudi dernier pour étudier la situation
et formuler une réponse forte à l’entreprise d’une
administration accusée indirectement de destruction sous-tendue
par des appétits étroits dans une totale indifférence
à l’égard d’une ville qui a des siècles
d’histoire. Un appel aux Constantinois jaloux du bien de leur
cité est lancé en attendant le rapport d’enquête
qui provoquera au moins une décision ministérielle pour
l’arrêt de la démolition.
N. Nesrouche
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