VIEILLE VILLE DE CONSTANTINE / Des habitations en sursis
Bien qu’édifiée en grande majorité avant
1837, la vieille ville de Constantine s’effrite au fil des jours
et des intempéries qui n’épargnent plus ses frêles
constructions qui s’effondrent souvent tel un château de
cartes et ce, à défaut d’un plan de restructuration
efficient, à même de lui conserver son caractère
ancestral.
Tombée en désuétude aux yeux des nombreux responsables
qui ont fait mine ces dernières années de la sauvegarder,
la vieille ville est aujourd’hui par trop fragilisée et
sa population, environ 40 000 âmes, "survit", la peur
au ventre, craignant de se retrouver, à l’avenir, sur la
longue liste des sinistrés.
"Il y a près d’une année, lors d’une
réunion qui a regroupé la coordination intersyndicale
de la wilaya de Constantine et les membres de l’exécutif
de l’APC, le numéro un de la mairie avait préconisé
de réhabiliter et maintenir la vieille ville comme patrimoine
historique". (Voir El Watan du 28 février 1998). Or, de
l’avis de nombreux observateurs, la réalité du terrain,
le coût de l’opération et le déficit en matière
de logement — l’on compte actuellement près de 42
000 demandes de logement à Constantine — ne favorisent
guère la mise en route d’une pareille initiative.
De source digne de foi, plus de la moitié des1 301 habitations
recensées sont jugées en piteux état et sont vouées
à la démolition, alors que 28 % seulement sont en meilleur
état.
Où reloger la population concernée, si réellement
"l’opération de sauvetage" de la vieille ville
est lancée prochainement ?
Parallèlement, certains responsables du secteur de l’urbanisme,
croit-on savoir, penchent vraisemblablement pour une solution au demeurent
radicale : raser la vieille ville !
Le profond délabrement des habitations de cette cité antique
est certes préoccupant et pourrait générer une
véritable catastrophe, à la faveur d’une pluviosité
importante, mais il est néanmoins des Constantinois qui veulent,
par dessus tout, œuvrer à "la maintenir en vie".
Parmi ces derniers, l’on citera notamment l’association
des amis de Cirta qui ambitionne de préserver ce patrimoine historique
de la ville pour en faire, a priori, un musée.
Aujourd’hui, le constat fait par la population de la vieille ville
est amer. Depuis des années, plusieurs promesses de relogement
et d’autres — contradictoires — de restauration ont
tenu les habitants en haleine et la situation s’est dégradée
dangereusement. Le pire c’est qu’ils ne sont pas au bout
de leur peine.
D’aucuns affirment que les responsables du dossier semblent éprouver
certaines difficultés à accorder leurs violons à
ce sujet et partant, des milliers de personnes continuent de vivre dans
l’expectative. Jusqu'à quand ?
Selon certaines sources, la dégradation du site et le coût
de l’opération de restauration sont deux paramètres
qui, à première vue, risquent de faire pencher la balance
en faveur de la démolition.
Une mesure, si elle vient à être adoptée, ne fera
pas que des émules au sein des habitants de Constantine car,
la vieille ville revêt pour nombre de Constantinois "l’âme
et la mémoire de l’antique Cirta".
D’ailleurs, certains d’entre eux, estiment que si les différents
responsables qui se sont succédé à la tête
de l’APC avaient pris le problème du vieux bâti au
sérieux en établissant un programme de rénovation
de grande envergure, nous n’en serions pas là, à
nous interroger s’il faut démolir ou préserver la
vieille ville.
Souiqa, Sidi Djliss, El Karba… évoquent, il est vrai, plus
qu’une vieille cité, plantée au milieu du béton.
Elles recèlent entre leurs murs aux multiples fissures telles
des rides, témoins d’un passé lointain, mais surtout
dira un sexagénaire, elle représente "l’unique
repère d’une ville, d’une population rongée
à présent par le marasme".
Lydia R.
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