En
raison de son caractère privilégié pour sa défense, le site a connu une
occupation permanente depuis les temps les plus reculés. La composition
de ses habitants, c'est d'abord le vieux socle berbère, parce qu'on n'est
pas loin de la région des Chaouias, c'est à dire des Berbères de l'Est
algérien. Beaucoup plus en arrière, il y a l'histoire avec la communauté
juive et les Ottomans.
-
La
découverte en 1945 de sphéroïdiques à facettes sur le plateau du Mansourah
permet d'estimer à un million d'années l'occupation du rocher par
les australopithèques dont on aurait retrouvé les outils.
-
C'est
beaucoup plus tard, au paléolithique (-45.000 ans avant notre
ère) que furent aménagées par l'Homme de Neandertal des habitations
permanentes dans les grottes, notamment celles du Mouflon et de l'Ours
au pied du versant Nord de Sidi M'Cid.
-
A
l'époque Capsienne (environ -14.000 à - 9.000 ans avant notre ère)
la grotte des Pigeons (située sous le boulevard de l'Abîme près de
l'ascenseur) aura certainement servie de point de repli aux habitants
des grottes de l'Ours et du Mouflon.
-
Du
néolithique (environ - 10.000 à - 2.000 ans avant notre ère) ont été
retrouvés différents outils.
La civilisation mégalithique y a laissé de nombreuses traces : dolmens,
monuments.
-
De
l'âge des métaux ont été retrouvés en particulier un poinçon de bronze
et une massette de fer.
-
Puis,
huit civilisations ont occupé le site : numido-berbère, phénicienne,
romaine, byzantine, arabe, turque, française et arabo-berbère (avec
entre temps le passage en 429 des vandales).
"De Cirta à Constantine : La permanence d'une cité antique" par
Abdelkrim BADJADJA
"Constantine, la Jérusalem du Maghreb" : Conférence donnée par Benjamin Stora le 14 mars 2010
Antiquité.
Chasseurs puis pasteurs et cultivateurs, les Berbères sorganisèrent
en tribus et en confédérations, que les Grecs distinguaient sous les
noms de libyques, numides et maures.
Le langage berbère s'appelle "tamazight", et n'a rien avoir
avec l'arabe, l'hébreu ou le punique,
On n'a trouvé aucune langue, ni écriture s'en rapprochant. Cette écriture
possède des caractères très proches du grec.
Les berbères descendraient, selon une légende, du peuple atlante. Ceux-ci
seraient arrivés en Afrique du nord par les îles Canaries.
Les
premiers Hébreux vinrent, sans doute, mêlés aux Phéniciens, peut-être
un millénaire avant J.-C. ; mais ce sont les persécutions en Orient,
avant et durant l'époque romaine, qui déterminèrent les principales
migrations vers l'Afrique du Nord où de nombreuses tribus berbères
furent judaïsées
et apparaissent dans l'histoire au Ve siècle avant J.C.
D'abord nommée Sarim Batim par les Cathaginois, Constantine est
déjà connue
sous l'antiquité,
depuis le IVe siècle
avant J.C., sous le nom romain de Cirta. Cirta est la dénomination romaine
du nom punique Kirtha qui signifie ville dans la langue des Cartaginois
Constantine
s'appelait Cirta, nom punique francisé, dans le sens
qu'ecrit en caractères latins mais prononcés à la
française. Je m'explique : en latin, la lettre c se
prononce k ou q quelque soit la voyelle qui la suit ; ci se prononce
ki ou qi en latin. Le nom de Constantine était donc Qirta.
Dans la transcription des noms puniques, Amazighs, Hébraïques
ou Celtes, rencontrés en Afrique, les Romains utilisaient
la lettre c , pour transcrire une lettre non latine equivalente
du qaf des langues semitiques. Un autre exemple proche est Calama
aujourd'hui Guelma. Le gaf est une variante qu qaf notamment dans
l'Est algérien. La transcription en français etait
conforme au lation, lorsque le la lettre c etait suivie des lettres
a ou o ; Qolo se transcrit Collo et Qala devient La Calle.
Néanmoins, la prononciation française est maintenant consacrée
puisque de nos jours les historiens algériens transcrivent en arabe Cirta
en utilisant la prononciation française (Sirta), alors que Qirta, la punique,
est d'origine cananéenne, proche des langues parlées au Proche
Orient.
Le mot qirta signifiait cité (importante). Carthage, la capitale
punique, est une contraction de Qirta haditha (ou Qirt hadash d'après
les premiers archéologues du site de Carthage) signifiant ville ou cité nouvelle.
Cherchell, ancienne capitale de Juba II qu'il rebaptisa Caesarea, s'appelait
jusqu'alors, Eol (Iol ou Jol) simplification de Qirta Iol (uyul) : Cité des
Dieux.
Rachid Benbahmed
Constantinois de souche et de coeur |
Il
est certain que des juifs y vivaient 3 siècles auparavant.
Les berbères nomades de Constantine ont adopté le culte de Ball-Tanit
déesse carthaginoise de la fécondité dont le haut lieu des cérémonies
paraît avoir été la colline d'El Hofra (actuel Hôtel Transatlantique).On
trouve également trace de nombreux vestiges de la civilisation punique.
Un
millénaire de vie antique.
Cirta
existait donc bien avant l'arrivée des Romains et de Massinissa, son nom
berbère ne nous est pas parvenu. Massinissa,
alors roi de Numidie, en avait fait sa capitale...
Refusant le partage de la Numidie en trois royaumes, Jugurtha parvint
à isoler Adherbal et il entreprit alors le siège de Cirta (actuellement
Constantine), où s'était réfugié son adversaire soutenu par Rome.
En 112 av. J.C. le siège de Cirta, dont les fortifications avaient
été pourtant bien renforcées, devait duré cinq mois. Cette victoire permit
à Jugurtha de gouverner sans partage la Numidie et d'éviter ainsi que
le royaume légué par Massinissa n'éclate en fiefs insignifiants.
L'histoire de Constantine dans lantiquité couvre un millénaire si
on létend jusquaux invasions arabes. On peut distinguer trois
grandes périodes :
- Les trois siècles avant notre ère où linfluence punique
est prépondérante.
-
Les trois premiers siècles après Jésus-Christ qui sont ceux de lEmpire
romain païen. En 311 après J.-C. elle se révolte contre Rome, au prix
de sa destruction par l'empereur Maxence. Elle est reconstruite en 313
par l'empereur Constantin
qui lui donne son nom.
C'est durant cette période qu'est
édifié le "castella" de Tiddis
(Castellum Tidditanorum) situé
à quelques kilomètres de Cirta.
- Les quatre siècles allant de Constantin à lapparition de
lIslam, où lEmpire chrétien, ébranlé par les Vandales de Genséric
et prolongé par les Byzantins, a imprimé sa marque.
Quatre langues ont été parlées durant ce millénaire : le libyque, le
punique, le grec et le latin.
Les qualités morales des Cirtéens les préparaient à bien accueillir le
message chrétien. De fait, le christianisme comptait déjà beaucoup de
fidèles à Cirta au milieu du IIIe siècle lorsquune persécution
sabattît sur la communauté naissante.
La paix de lÉglise (en 313 par "l'Édit de Milan", l'empereur
Constantin accorda toute liberté de culte à l'Église), permit aux Chrétiens
de célébrer publiquement leur religion.
335 - Construction de l'ancien pont romain (Pont d'El Kantara)
Un
millénaire sous le signe de l'Islam.
Les Arabes ont-ils conquis l’Algérie ? (article paru dans Le Matin du 19 décembre 2009) en pdf
C'est
un grand millénaire puisqu'en réalité il faut compter douze siècles. Pour
mettre un premier ordre dans une suite d'événements extrêmement complexes,
nous partagerons ce long espace de temps en quatre périodes de trois siècles
chacune.
La première période, comprenant les VIIe, VIIIe et IXe siècles, est pour
Constantine une période de quasi autonomie, ce qui n'empêche pas la ville
de subir le contrecoup des invasions arabes. La deuxième période, embrassant
les Xe, XIe et XIIe siècles, fait dépendre Constantine principalement
de la Petite Kabylie et de Bougie, donc du Nord-Ouest. La troisième période,
qui s'étend sur les XIIIe XIVe et XVe siècles, place Constantine dans
la mouvance de Tunis, sous la dynastie des Hafsides. La quatrième période
est celle de la domination turque qui couvre les XVIe, XVIIe et XVIIIe
siècles. Constantine passe alors sous la tutelle d'Alger.
Le principal événement qui a entraîné l'arabisation de Constantine est
lié au destin des Fatimides.
C'est en Petite Kabylie que les Fatimides, au début du Xe siècle, ont
recruté leur armée dont les Ketama qui habitaient les montagnes au Nord
de Mila, et en formèrent le corps principal. Quand cette armée descendit
du djebel, elle eut besoin de bases et elle les trouva à Mua, à Constantine
et dans les anciens castella parmi lesquels Tiddis.
Au commencement du XVIe siècle, Constantine comptait huit mille feux,
ce qui peut représenter environ quarante mille habitants. Il faut comprendre
dans ce chiffre, à côté d'une petite communauté chrétienne, les membres
d'une communauté juive nombreuse.
On n'a pas de renseignements précis sur la communauté chrétienne.
Seule est signalée la présence de Génois au cours du XVe siècle. Les colonies
de marchands n'étaient jamais nombreuses. Les marchands logeaient dans
des bâtiments appelés fondouks, dont la construction et les grosses réparations
incombaient en général à l'administration sultanienne. Ils avaient le
droit d'y posséder une chapelle.
On est mieux renseigné sur la communauté juive. Il semble d'ailleurs que
Constantine n'a jamais cessé d'avoir ses Juifs aux murs fortement
berbérisées. Sous les Hafsides, les Israélites semblent avoir vécu en
groupes disséminés parmi les Musulmans. Leur regroupement dans un seul
quartier ne date que de la fin du XVIIIe siècle.
Quant à la population musulmane, il semble qu'elle ait été partagée par
quartiers en factions inféodées aux chefs des familles les plus influentes.
On trouvait à Constantine une vieille bourgeoisie de grandes familles
jalouses entre elles de leur prestige séculaire.
Fin
XVe siècle
Il
est difficile de déterminer l'époque du premier établissement des Turcs
à Constantine. [
]
L'autorité des Turcs ne s'est pas établie facilement. Les partisans des
Hafsides, au début de 1568, massacrèrent les Turcs et expulsèrent leurs
séides. Le pacha Mohammed dut, pour ramener l'ordre, conduire en personne
une expédition contre Constantine. La ville n'osa pas résister et ouvrit
ses portes sans combat. Les Abd el-Moumène, chefs du parti Hafside à Constantine,
furent définitivement vaincus et les Ouled Saoula écartés.
Constantine fut choisie au XVIe siècle pour être la capitale du Beylik
de l'Est.
A propos de l'occupation turque et du Beylik de Constantine un site très
beau et surtout très documenté : Le
beylik de Qacentina
1771-1792
Ce
fut Salah-Bey qui rendit
à Constantine son cachet de capitale et la dota d'édifices tels que la
mosquée et la medersa (école) de Sidi El-Kettani (actuellement place Négrier)
plus connu sous le nom de Djamaa El Kettani ou El Kettania, qui existe
toujours et qui n'a jamais fermée ses portes ; de nombreux arabisants
de Constantine y ont fait un passage... ; et la belle medersa de Sidi-L.Akhdar
où se fait actuellement le cours supérieur d'arabe, sans parler de constructions
particulières telles que son habitation d'El-Blate.
Il cantonna les Juifs, jusqu'alors répandus un peu partout, gênés et gênants,
dans le quartier de Charra (rue Grand), qui devint leur Ghetto.
Reconstruction du pont d'El Kantara par Salah Bey.
1830
La
prise d'Alger par les Français en 1830 posa à Constantine un cas de conscience.
Les principaux habitants se réunirent chez le Cheikh el-Bled. Après bien
des avis divers, il fut décidé de ne pas reconnaître la domination française
et de continuer à obéir à El-Hadj Ahmed. C'est à Ahmed
Bey que l'on doit le fameux Palais
du Bey.
21
novembre 1836
Ahmed
Bey combattit avec succès l'expédition française de Clauzel en repoussant
par deux fois les assauts français contre la porte d'El Kantara.
13 octobre 1837
Dernière
grande ville d'Algérie à résister aux français, Constantine tombe.
Le 12 octobre une canonnade redoublée ouvre la brèche.
Le 13 au matin, trois colonnes fortes d'un millier d'hommes donnent l'assaut
sous le commandement du lieutenant-colonel Lamoricière.
La colonne Lamoricière - les Zouaves - entre la première et plante le
drapeau sur le mur d'enceinte. Se déroule alors un combat rue par rue,
maison par maison.
Redoutant les représailles des vainqueurs. la population tentera de fuir
par les gorges, on dénombrera de ce fait plusieurs victimes.
Le colonel Combes sera tué dans la bataille. Ben Aïssa, le lieutenant
du Bey s'échappera par les gorges à l'aide de cordes. Définitivement
défait le Bey Ahmed prit la fuite et se réfugia dans les tribus du Sud
poursuivi par le Cheik El Arab aux ordres du général Valée. lequel recevait
le 12 novembre le bâton de maréchal de France. Il sera gouverneur général
de l'Algérie de 1837 à 1840.
Lire
le récit détaillé des deux sièges de Constantine (1836 - 1837)
Une
page Web concernant cet événement
Cela
s'est passé un 13 octobre 1837, la chute de Constantine
La
prise de Constantine par le peintre Horace Vernet
L'évènement dans un manuel scolaire d'histoire (Malet et Isaac)
La prise de Constantine en cartes postales
Commence
alors la période de colonisation.
Les
composantes de la communauté pied-noir en Algérie.
-
Les
Français.
Les
débuts du peuplement français en Algérie évoquent surtout deux images
: d'une part, celle des grands colons aventureux venus " en gants
glacés en en habits noirs ", d'origine bourgeoise, qui n'hésitent
pas à s'installer seuls au milieu des Arabes avec lesquels ils établissent
souvent de bons rapports et se lancent dans des entreprises agricoles
presque toujours ruineuses ; d'autre part, la naissance de Boufarik,
autour de la petite colonie du " bazar", et le véritable calvaire
des premiers habitants aux prises avec la fièvre et l'insécurité.
Cependant la colonisation française dès le début fut surtout urbaine
et elle le fut de plus en plus avec le temps, imitée d'ailleurs par
tous les autres éléments européens. Ce sont des Français qui, les premiers,
élèvent de toute part maisons de commerce et magasins.
Si l'on excepte quelques tentatives de création de villages par des
entrepreneurs, c'est l'Etat qui demeure le maître d'uvre, choisissant
les régions, fixant les périmètres à lotir, recrutant les colons, leur
imposant les conditions à remplir pour devenir propriétaires.
Pratiquement la colonisation officielle se termine en 1928, avec la
création du dernier village.
-
Les
Européens.
Aux
colons français s'ajoutèrent des immigrants venant de toute l'Europe.
Dans l'ordre d'importance Espagnols, Italiens, Maltais (particulièrement
à Constantine), Allemands, Belges, Suisses, Polonais, etc
-
Les
Algériens.
- Les
juifs.
A
la masse essentielle de Judéo-Berbères s'étaient ajoutés, surtout
dans les villes, à partir de la fin du XIIIe siècle, les Juifs
chassés d'Espagne et ensuite, à la fin du XVIIe siècle et au début
du XVIIIe, les Juifs livournais.
- Une
composante d'origine musulmane.
Si
la naturalisation et l'évangélisation pouvaient apparaître comme
les moyens d'une fusion entre la communauté indigène et la communauté
européenne, il est certain que la France n'a jamais pratiqué systématiquement
ni l'une ni l'autre.
Le nombre total des naturalisés ne dépasse pas 10.000 chez les
musulmans et l'acquisition de la citoyenneté française n'implique
pas ipso facto l'adhésion à la communauté européenne d'Algérie,
les liens affectifs et religieux restant très forts avec la communauté
d'origine.
1844
D'une
ordonnance qui remonte au 9 juin 1844, le Rocher de Constantine prit un
caractère hybride qu'il a conservé de nos jours. Il fut en effet partagé
en deux parties, l'une européenne et l'autre musulmane. Dans la zone européenne,
qui se trouvait à l'Ouest, on perça des rues rectilignes, orientées Nord-Sud,
tandis que la zone musulmane conservait cette irrégularité et cette fantaisie
qui lui confèrent encore maintenant un aspect si pittoresque.
1847
La
population indigène de Constantine diffère par sa composition de celle
des autres villes de l'Algérie. Elle ne renferme qu'un très petit nombre
de Turcs et de Koulouglis et pas de Maures. Elle se compose presque exclusivement
de familles arabes ou berbères, venues de presque toutes les tribus de
la province, et d'israélites. Au 1er janvier 1847 elle était de 18.969
individus, dont 15.054 musulmans, 552 nègres et 3.363 israélites. Après
Alger, Constantine est de beaucoup la ville la plus peuplée de l'Algérie.
Quant à la population européenne, son chiffre est de 1.919 individus,
dont 1.274 Français.
1851 - Construction de la halle aux grains.
1853 - Construction du musée de Cirta.
26
avril 1854
Création
de la Municipalité de Constantine. Premier maire : Seguy-Villevaleix.
En savoir plus sur les armoiries de Constantine.
1857 - Ecroulement de l'ancien pont d'El Kantara.
1864 - Reconstruction du pont d'El Kantara, appelé aussi pont d'El-Mechebka.
1865 - Percement de la rue Nationale (Triq Edjdida) - Construction de l'école Arago.
24
octobre 1870 : Décret Crémieux
A
partir de 1845-1850, les 32.000 Juifs d'Algérie, soutenus par les libéraux
et des notables musulmans, avaient commencé à revendiquer la citoyenneté
française. Elle leur avait été accordée d'abord par Napoléon III, par
le sénatus-consulte de mars 1870, puis, après la proclamation de la République,
par le décret connu sous le nom de décret Crémieux, précisé en octobre
1871 par l'Assemblée nationale.
Tout de suite contesté par l'armée et les Européens de "souche"
qui en ont réclamé l'abrogation, ce décret a été la cible d'un antisémitisme
extrêmement virulent qui a connu une forte poussée au moment de l'affaire
Dreyfus, les suffrages des Européens d'Algérie offrant aux antisémites
déclarés, dans les années 1894-1902, leur seule représentation parlementaire.
1875 - Construction de la caserne de gendarmerie.
1876 - Construction de l'hôpital civil.
1881 - Construction de la première école professionnelle de jeunes filles musulmanes.
1863 à 1883 - Construction du théâtre.
1883 - Achèvement du Lycée National de Constantine, futur lycée d'Aumale.
1886 - Construction de la préfecture.
1892
"La
population de Constantine est d'environ 49.000 habitants parmi lesquels
10.500 français, 5.700 israélites, 29.000 musulmans et les autres sont
de nationalités diverses.
Constantine est divisée en deux quartiers : le quartier Européen et
le quartier Arabe.
Le quartier Européen, dans lequel on retrouve le mouvement des grandes
villes de la Métropole, forme un peu plus du tiers de la ville. Les rues
y sont belles et coupées à angle droit, les constructions y sont très
hautes.
Le quartier Arabe est le centre où aboutit le commerce de l'intérieur
de l'Algérie, dont les indigènes de la ville sont les intermédiaires intelligents.
On y trouve encore intacts les vestiges de la couleur locale indigène
qui disparaît de plus en plus des autres villes de l'Algérie.
On peut subdiviser ce quartier en deux parties : celle que nous visitons,
et le quartier Juif proprement dit et où, de chaque côté des rues, qui
ressemblent à des bazars, s'ouvrent de petites boutiques."
"Une
famille juive de Constantine" un texte de Benjamin Stora (Le
Monde 6 juillet 2004)
1901-1935
Pendant
cette période Émile Morinaud, député-maire, et ancien ministre, de Constantine,
transforme profondément la ville et lui donne l'aspect qu'on lui connaît
encore aujourd'hui.
Parmi les importants travaux entrepris durant cette période citons : l'arasement
du Coudiat-Aty, les ponts de Sidi Rached et de Sidi M'Cid, les passerelles
Perrégaux et Lamy, la réfection des ponts d'El Kantara et des Arcades
Romaines, élargissements des avenues et des rues, réservoir du Mansourah,
réfection des égouts, création des squares Panis et d'El Kantara, des
kiosques à musique, ascenseurs de la Passerelle Perrégaux et de Sidi M'Cid,
du boulevard de l'Abîme, des Monuments aux Morts de Sidi M'Cid, de la
Brèche et du Cimetière, d'une dizaine d'écoles dont la Médersa, des grands
bâtiments publics comme la Poste, le Palais Consulaire, la Maison de l'Ouvrier,
le Casino, l'Université Populaire, le Musée, l'Orphelinat de Sidi Mabrouk,
la Maison de l'Agriculture, le Palais de Justice, les Habitations à Bon
Marché de Bellevue, Lamy, Cité Gaillard, Mansourah, Camp des Oliviers,
Avenues Viviani et Forcioli. Transformation de Sidi M'Cid et refonte complète
de l'Hôpital, création des salles de réunion à Sidi Mabrouk - les Ateliers
et à El Kantara, des infirmeries et des dispensaires indigènes, etc, etc
1902 - Dérasement du Coudiat-Aty
1903 - Inauguration de la mairie.
1908 - Inauguration de la poste et du crédit foncier.
1909 - Inauguration de la nouvelle Medersa
1912 - Début des travaux du boulevard de l'Abîme - Inauguration des ponts de Sidi Rached et Sidi M'Cid.
février 1913 - Arrivée de la statue de Constantin.
1915 - Achèvement de la construction du boulevard de l'Abîme.
1918 - Inauguration du palais de justice.
1923 - Inauguration de la passerelle Perrégaux - Installation de la statue de Constantin place de la gare.
1925 - Construction du pont des chutes.
1926 - Construction de la banque d'Algérie.
1927 - Création de l'aéro-club.
1930 - Premier meeting de l'aéro-club sur l'hippodrome situé à Sidi-Mabrouk
1930 -
Inauguration du Monument
aux Morts - Construction
du Musée Cirta
Voir "A
la rencontre des combattants 1914-1918 du Monument aux Morts de Constantine"
1933 - Construction du garage Citroën.
1933 - Création de l'aérodrome de Oued Hamimim.
1934 - Inauguration du casino - Début des travaux d'aménagement de la place de la Brèche.
3
et 5 août 1934 : Pogrom de Constantine
"
A première vue, il n'y avait aucune raison de craindre les suites d'une
dispute intervenue le soir de vendredi 3 août 1934 entre Eliaou Khalifa,
un zouave juif pris de boisson, et un petit groupe de Musulmans, rassemblés
dans la cour d'une mosquée de Constantine assez célèbre, Sidi Lakhdar.[
]
Même inventée par des militants antisémites venus de la métropole ou par
des anti-juifs issus de la population coloniale, la propagande antisémite
pouvait influencer un nombre assez considérable des habitants les plus
défavorisés ou les plus mécontents - qui n'étaient pas rares à nourrir
de vives rancurs nationalistes et religieuses. Les propagandistes
jugeaient souvent utile de simuler une certaine " arabophilie ".
Aussi des Musulmans furent-ils amenés à regarder les communautés juives
de leur pays d'un il jaloux et à leur envier le mieux-être économique
(relatif) qui découlait de leur statut de citoyen français.[
]
Les désordres qui s'ensuivirent - foules d'émeutiers de plus en plus nombreuses,
attroupements menaçants dans le quartier juif, de façon à " assiéger
" plusieurs habitants juifs dans leurs logements, agressions sur
des passants juifs, bon nombre de magasins juifs saccagés - durèrent presque
toute la nuit du 3 au 4 août, jusqu'à la répression sévère des violences
par les forces de l'armée et de la police. Le bilan des conséquences immédiates
- 15 blessés, un Musulman mort après avoir été grièvement blessé par balle.[
]
Le lendemain, on vit des personnages marquants juifs et musulmans s'activer à prêcher la modération à leurs coreligionnaires - d'un côté, M. Lellouche,
président du Consistoire et conseiller général, et le Grand Rabbin Halimi;
de l'autre côté, le Grand Mufti de Constantine, le Cheikh Ben Badis, grand
réformiste religieux, et le Docteur Bendjelloul, conseiller général et
un des chefs du mouvement nationaliste du Constantinois.[
]
L'afflux important aussi bien d'habitants de la région environnante que
de Constantine elle-même vers le quartier du Marché et en particulier
vers la Place des Galettes n'avait rien d'inhabituel en soi. Néanmoins,
comme pour distinguer le dimanche 5 août des jours de marché normaux,
de nombreux hommes jeunes étaient armés, le plus souvent de couteaux,
de rasoirs ou de matraques; certains portaient même des armes à feu, malgré
l'interdiction légale qui visait les indigènes musulmans.[
]
Des rixes judéo-musulmanes qui éclatèrent au quartier du Marché ne tardèrent
pas à prendre de l'ampleur. Au cours de la première phase des troubles
du 5 août, deux groupes de Juifs tirèrent de nombreux coups de feu par
les fenêtres de leurs appartements - actes imprudents d'autodéfense préventive
? - ne manquant pas ainsi d'enflammer les passions des émeutiers.[
]
Les magasins juifs furent incendiés et des familles juives furent égorgées
dans leurs maisons. On guettait les véhicules qui circulaient sur les
artères principales de la ville, ainsi que par ses issues, afin d'attraper
des Juifs qui tâchaient d'échapper au carnage.[
]
Suivant des consignes de non-intervention, soldats et officiers (à de
rares exceptions près) ne firent que jouer le rôle de spectateurs, ne
disposant d'ailleurs que d'armes dépourvues de cartouches.
Environ quatre heures après le retour du député-maire Morinaud à Constantine,
au début de l'après-midi, on fit distribuer aux troupes les munitions
nécessaires pour rétablir l'ordre. Ces consignes nouvelles ne purent rien
changer aux conséquences tragiques des atrocités déjà perpétrées - les
vingt-huit morts - pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards,
ainsi que les dizaines de blessés, de victimes de toute sorte de violences
barbares. Les habitants français et européens s'étaient bien gardés d'intervenir
de quelque façon que ce fut. Par contre, certains rescapés du massacre
avaient la vie sauve grâce au dévouement et au courage de quelques Constantinois
musulmans, qui les avaient cachés et protégés. Les dommages s'élevant
à 150 millions de francs-Poincaré environ, le total de sinistrés à Constantine
fut évalué à 1777. "
Extraits d'un texte de Paul Leslie "Les
Juifs de Constantine"
Un article sur le pogrom de 1934 paru en 2014 dans Israël Actu
Les émeutes antijuives de Constantine (août
1934) par Joshua
Cole
Une
de mes correspondante tient à préciser ce qui suit :
" Le 8 aout 1934, des chrétiens ont aussi sauvé des juifs. J'ai
à ce sujet un témoignage de 1er ordre. Ma grand-mère maternelle qui a
91 ans etait présente ce jour là dans la ville. Elle a vu des gens massacrés,
des magasins pillés. Elle a vu son patron chrétien cacher une famille
de commerçants. "
1935 - Construction de la piscine olympique.
1937 - Inauguration de la place de la Brèche.
1937 - Cérémonies du centenaire de la prise de Constantine.
|
2 photos qui ont du être prises lors de la visite du Président Albert Lebrun en 1937 pour la célébration du centenaire de la prise de Constantine en 1837.
Le cortège passe sur le pont d'El Kantara dont on peut voir encore le tablier en fonte qui s'est écroulé dans les gorges du Rhummel dans les années 50.
Le cortège vient de la gare où a été accueuilli le Présidentt et se dirige vers la place de la Brèche. On devine les spahis à cheval qui encadrent la voiture du Présidentt.
Documents fournis par Guy Bessière |
|
16 avril 1940
Décès d'Albelhamid Ben Badis.
Il fut enterré en présence de 20 000 personnes. Ses obsèques prirent l'aspect d'une gigantesque manifestation anticolonialiste. Promoteur du savoir, il est le 16 avril de chaque année, honoré au cours de "Youm-El-Ilm" (Journée de la science.)
7
octobre 1940 : Abrogation du décret Crémieux
Quand,
le 7 octobre 1940, le gouvernement de Vichy abrogea le décret Crémieux,
retirant aux Juifs tous leurs droits à la citoyenneté française et refaisant
d'eux des "indigènes" au même titre que les Musulmans, ce n'était
pas uniquement le résultat de la politique décidée en métropole mais aussi
la conséquence de cet antisémitisme persistant au sein de la société européenne
d'Algérie. 12.000 enfants juifs furent expulsés de l'enseignement public
primaire, secondaire et professionnel à la rentrée de 1941, le nombre
d'enfants écartés se montant à 18.000 l'année suivante. Seize camps, de
vocations diverses, souvent gardés par d'anciens légionnaires ouvertement
pro-nazis, furent ouverts en Algérie, dont certains regroupaient les soldats
juifs algériens de la classe 1939, contraints à des travaux forcés.
1939-1945
Et
José Aboulker, un des anciens leaders de la Résistance juive algérienne,
de résumer ainsi le comportement des Algériens musulmans, à l'occasion
d'une interview avec Jean Laloum, effectuée le 13 janvier 1986: "
Les Arabes n'ont pas pris parti dans la guerre. Ce n'était pas leur guerre.
Avec les Juifs ils ont été parfaits. Non seulement ils ont refusé la propagande
et les actes anti-juifs auxquels les Allemands et Vichy les poussaient,
mais ils n'ont pas cédé à la tentation des bénéfices. Alors que les Pieds-Noirs
se disputaient les biens juifs, pas un Arabe n'en achetait. La consigne
en fut donnée dans les mosquées : les Juifs sont dans le malheur, ils
sont nos frères. "
20
octobre 1943
Ce
ne fut que le 20 octobre 1943, soit près d'un an après le débarquement
allié en Afrique du Nord , que le Comité français de libération nationale
accéda à la demande des Juifs d'Algérie de recouvrer leurs droits politiques
de citoyens, demande à laquelle les notables musulmans, qui formulaient
la même pour tous les Algériens, étaient loin d'être hostiles. Quant aux
responsables européens de la répression antijuive, ils ne firent, pour
la plupart, l'objet d'aucune poursuite.
1943
Pendant la guerre, à Constantine aussi les restrictions étaient de rigueur et il y avait donc des cartes de ravitaillement.
|
|
12
décembre 1943 : Discours de Constantine
C'est
à Constantine, le 12 décembre 1943, que le gouvernement provisoire
du général de Gaulle octroya la citoyenneté française à plusieurs dizaines
de milliers (60.000) de musulmans et promit des réformes. Cependant, rien
ne put stopper la progression dans le pays de l'idée d'une soustraction
de l'Algérie à la souveraineté française.
8
mai 1945 : Début des massacres de Sétif (département de Constantine)
Le
8 mai 1945, qui signe la fin du nazisme, correspond aussi à l'un des moments
les plus sanglants de la répression coloniale. La révolte de Sétif s'inscrit
en effet comme une étape décisive du nationalisme algérien. Cette révolte,
qui s'étend à Guelma, Bône, Biskra, Batna et Constantine, cristallise
ainsi plus d'un siècle de frustrations et d'humiliations. La répression
menée alors par le général Duval, engageant l'aviation et la marine, est
d'une violence inouïe : en quelques semaines, de 6.000 à 8.000 algériens
sont tués, 45.000 selon la mémoire collective algérienne.
20
Septembre 1947
Promulgation
du statut de l'Algérie : tous les Algériens ont la citoyenneté française,
mais cette égalité est contredite par l'existence d'un double collège
électoral qui assure la sous-représentation des "Français musulmans
d'Algérie".
Le statut de 1947, celui dont on pouvait espérer quil ouvrait la
voie à une Algérie nouvelle, établissait linégalité en matière de
droits civiques, puisquil instituait deux collèges électoraux, le
premier collège (900.000 européens et 63194 musulmans, qui ont
le statut français) élisait 60 représentants à lAssemblée algérienne,
le second collège (9 millions dindigènes) élisait également
60 représentants à cette même assemblée.
Ce statut ne satisfaisait pas les "indigènes" et mécontentait
les colons. Il est considéré comme trop libéral, est saboté par les Européens
qui font pression sur les gouverneurs généraux successifs pour qu'il ne
soit pas appliqué.
Petit Larousse illustré (104ème édition)
1954-1962
(dans le Constantinois)
Constantine
est une ville où il y a entre 200 000 et 250 000 musulmans, 30 000
juifs et 30 000 chrétiens.
Principaux événements
survenus du coté FLN / ALN
dans la zone autonome Constantine-Ville (zone 5)
de 1953 à 1961
-
1er
novembre 1954 - Insurrection dans les Aurès (sud Constantinois).
Ceci est le point de départ de la guerre d'Algérie.
-
8
mai 1955 - Premier attentat FLN à Constantine. Une bombe explose
au casino provoquant de nombreux blessés.
-
20
août 1955 - Les Français du Constantinois, rendent la guerre irréversible.
Décidés à empêcher la politique d'intégration, le FLN organise à Philippeville
et dans tout le nord Constantinois, un soulèvement de musulmans.
Ceux-ci attaquent les quartiers européens des villes et massacrent
les habitants des fermes isolées, faisant des dizaines de morts
autour de Constantine.
A Constantine assassinat dans sa pharmacie de la rue Clémenceau du
neveu de Ferhat Abbas. Plusieurs bombes explosent dans la ville.
Des grenades éclatent au restaurant Gambetta rue Caraman (15 blessés)
et au cinéma ABC.
Le 20 août 1955 à Constantine par
Ahmed Boudjeriou
Il s'en suit une dure répression, en partie menée par les civils
européens,
qui réagissent par une "chasse à l'arabe". Le bilan
de ces journées est de 71 morts européens et de plusieurs milliers
d'algériens..
Un fossé de sang sépare désormais les deux communautés. Les européens
se dressent en bloc contre les musulmans et l'action du FLN qui
accroît
ainsi son emprise sur la population.
-
En
mai 1956, Maurice Papon est à nouveau nommé Préfet-Inspecteur
Général
de l'Administration en Mission Extraordinaire (IGAME) pour la Région
de l'Est Algérien à Constantine (Il avait déjà occupé les fonctions
de Préfet de Constantine d'octobre 1949 à début 1952.). Son activité
à Constantine, le maintien de l'ordre, montre ce dont le fonctionnaire
de Vichy est capable. Jusqu'en 1957, des milliers d'Algériens seront
tués, 114.000 personnes seront internées dans des camps, dans lesquels
- selon un rapport de Michel Rocard publié dans Le Monde
- entre 50 et 60 personnes meurent quotidiennement.
-
2
mai 1957 - A Constantine, au marché Négrier, un attentat FLN à la
grenade, fait 1 mort et plus de 25 blessés.
-
14
mars 1958 - Maurice Papon quitte Constantine pour la préfecture
de police de Paris. Il est remplacé par le préfet Chapel.
-
5
juin 1958 - Le lendemain du fameux "Je vous ai compris
"
d'Alger, le général De Gaulle prononce le même discours place de
la Brèche (devant le théâtre). A ses côtés Jacques Soustelle et
le général
Salan.
Une
très riche série de photos de la venue de De Gaulle à Constantine.
-
28
septembre 1958 - Référendum constitutionnel. Alors que la France
se dote d'une nouvelle constitution (80% des Algériens autochtones
participent au référendum avec 97% de oui pour la Ve République),
le FLN se constitue en partenaire sur un pied d'égalité par la
création
du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA).
-
3
octobre 1958 - De Gaulle défini le "plan de Constantine"
pour transformer l'Algérie en 5 ans : distribution de 250.000 ha
aux fellahs, construction de 200.000 logements, création de 400.000
nouveaux emplois, scolarisation des enfants musulmans, alignement
des salaires sur ceux de la France métropolitaine. Mise en valeur
agricole et industrielle de l'Algérie. De Gaulle s'engage ensuite
sur la voie de l'Algérie
algérienne. Archive
INA
Un
article consacré au "Plan de Constantine".
-
23
octobre 1958 - De Gaulle propose "la paix des braves",
refusée par le GPRA.
-
1960
- Madhi Belhaddad, premier et seul préfet musulman d'Algérie,
après
en avoir été le premier et seul sous-préfet, est nommé à Constantine.
-
9,
10 et 11 décembre 1960 - Manifestations à Constantine. Témoignage
d'Abdelkrim Badjadja.
-
22
juin 1961 - Assassinat de Raymond
Leyris
À midi, Viviane, la petite dernière des quatre filles de Raymond,
est venue le chercher pour rentrer à la maison de la rue de France,
par Souk El Asser, le marché de la place Négrier. Cest là quun
tueur, surgi de la cohue du souk où il lattendait de toute évidence,
abattit Raymond. Lhomme qui gisait dans son sang avait
48 ans et était le maître du malouf, cette musique savante issue
de lhéritage
arabo-andalou, à laquelle la Constantine juive et arabe vouait un
culte commun, fait de mystique dans la religion, de prière dans
la poésie sensuelle.
On devine sans peine le mobile. Alors que le dernier quart dheure
de la guerre dindépendance sétirait dans une violence
atroce et banalisée, la rupture entre les Juifs et les Musulmans
de Constantine devenait irréversible. À partir de ce jour, les
Juifs allaient commencer à quitter la ville, portant, comme seul
bagage la nostalgie du pays perdu, ce sentiment même quils
partageaient avec les Musulmans, leurs compagnons dexil
en 1492, année où
ils avaient été ensemble chassés dEspagne.
-
5
juillet 1961 - Le GPRA a proclamé cette date "journée nationale
contre la partition". A Constantine, à la hauteur de la
Médersa,
rue Nationale, les appelés, qui forment un barrage destiné à empêcher
les musulmans de monter vers l'hôtel de Paris et le quartier européen,
sont abordés par-derrière alors qu'ils attendent le gros de la
manifestation par-devant ! Affolés par la violence de la foule,
les soldats tirent pour se dégager. Bilan : 17 morts, 200 blessés.
-
1er
novembre 1961 (anniversaire de l'insurrection) - A Constantine on
s'attend à une nouvelle catastrophe. A la surprise générale
le 1er novembre s'y déroule sans incident. Pour la première
fois en Algérie,
les autorités françaises (le préfet musulman Madhi Belhaddad) et
FLN (Si Bachir responsable politico-militaire du FLN) ont pris contact
et ont ensemble décidé du programme de la journée !
-
4
décembre 1961 - Manifestation de 5.000 personnes à Constantine,
en faveur de l'Algérie française.
29
janvier 1962 - Le colonel Château-Jobert rejoint l'OAS, et prend
le commandement OAS de Constantine.
|
Plastiquage à Bellevue |
- 18
mars 1962 - Un accord de cessez-le-feu est signé à Evian entre la
France et le FLN.
Espérant une reprise de la guerre, l'Organisation armée secrète (OAS),
mouvement clandestin qui tenta par la violence de s'opposer à l'indépendance
de l'Algérie, redoubla ses actions terroristes, ce qui compromit
définitivement
l'avenir des Européens en Algérie.
1957 - Construction de l'aéroport d'Aïn El Bey, appelé aujourd'hui aéroport Mohamed Boudiaf
1960 - Inauguration de la statue de Notre Dame de la Paix.
1er
juillet 1962 - Indépendance de l'Algérie
L'Algérie
devient indépendante. Sur 1.100.000 Français, il n'en reste au bout de
quelques mois que 170.000. A Evian, les négociateurs les plus pessimistes
pensaient que, au maximum, 50% des Français d'Algérie quitteraient l'Algérie
indépendante !
"La guerre d'Algérie fut certainement l'une des pages les plus
noires et les plus controversées de l'Histoire de France : elle soulève
encore aujourd'hui de nombreux débats. Plus d'un million de Français d'Algérie
choisirent l'exode vers la France, dans des conditions difficiles, redoutant
d'avoir à subir des représailles dans le nouvel État algérien. Leurs craintes
ne furent pas vaines ! ; les notables algériens et les harkis restés fidèles
à la France au cours du conflit furent victimes de sévices et de massacres.
La guerre d'Algérie fit près d'un million de morts."
Lire
le récit du jour de l'indépendance à Constantine
illustré de photos.
Un
autre récit des fêtes de l'indépendance avec
des photos.
1968 - Naissance du projet de construction d'une grande mosquée (future Université et Mosquée Emir Abdelkader).
Mars 1968 - Pose de la première pierre pour la construction de l'université de Constantine.
Septembre 1971 - Début des activités pédagogiques à l'université de Constantine.
1994 - Inauguration de l'université islamique et mosquée Emir Abdelkader.
Aujourd'hui
Constantine
est chef-lieu de la wilaya du même nom.
La ville et son agglomération compte aujourd'hui plus de 800.000 habitants.
En savoir plus sur les armes actuelles de Constantine.
Elle
est devenue un grand pilier de l’industrie lourde algérienne
avec ses trois grandes usines mécaniques :
PMA: complexe des fabrications des tracteurs et machines agricoles et
moteurs,
PMO : complexe des fabrication des machines outils (tours, fraiseuses,
…etc.),
ENMTP : Usine de fabrication des machines de travaux publics (bulldozers,
rouleaux compresseurs, grues Poclain,...etc.) et c’est la plus grande
usine de ce type dans toute l’Afrique.
Un pôle
de l’enseignement supérieur avec ses trois grandes universités
: Mentouri, Zerzara et El Amir Abdelkader.
"Les Constantinois(es), ont toujours su qu'ils étaient ce mélange
depuis la nuit des temps, aujourd'hui Constantine est une ville où tous
les berbères (kabyles, chaouis, mozabites, Milli, Jijeli, etc.) se côtoient
dans une harmonie somme toute des meilleures avec leurs compatriotes arabo-berbères,
qui eux aussi sont un mélange (et quel mélange !), qui se sentent encore
berbères mais qui ont été romanisés, arabisés au cours des temps, puis
francisés, puis arabisés à nouveau, etc."
Juillet
2000 - Commémoration
de 2500 ans d'histoire de Constantine
5 juin 2008 - Mise en service du téléphérique.
4
juillet 2013 - Mise en service du tramway
Appel
lancé par Abdelkrim Badjdja
le 25 novembre 2008
En
l’an 2013, Constantine fêtera son 17ème siècle
sous ce nom.
Vieille de vingt-cinq siècles au moins, appelée
Cirta dans l’antiquité, Constantine célébrera
en l’an 2013 son 17ème siècle d’existence
sous ce nom qu’elle doit à l’empereur romain
Constantin le Grand (272-337), qui la fit rebâtir après
les destructions que lui avaient causées les guerres civiles
romaines.
Cet évènement devrait être
fêtée,
non seulement au niveau local ou national, mais aussi au niveau
international, Constantine appartenant à l’histoire
universelle, en symbolisant par sa permanence sur le même
site depuis 25 siècles au moins l’histoire de l’Algérie.
Je
lance donc un appel aux autorités de la ville de Constantine,
ainsi qu’aux intellectuels et à la société civile
algérienne, pour préparer d’ores et déjà ces
cérémonies de 2013 qui devraient réconcilier
les algériens avec leur histoire.
Ci-dessous quelques extraits d'un article sur l'histoire
de Constantine des origines à nos jours, que je présenterai
dans son intégralité bientôt en guise d'exposé des
motifs pour ces célébrations.
CONSTANTINE.
AUX ORIGINES DE L'ALGERIE
Par Abdelkrim BADJADJA
Explorer l'histoire de Constantine, Cirta à l'origine,
revient à parler des origines de l'Algérie.En effet,
Constantine symbolise la permanence de l'Algérie depuis
l'antiquité. C'est l'une des plus vieilles villes du monde.
Toutefois, la date exacte de sa fondation n'a pas été établie à ce
jour. L'impossibilité d'effectuer des fouilles archéologiques
au cour de la vieille ville, site occupé en permanence depuis
25 siècles au moins, en vue d'exhumer la plus ancienne couche
urbaine, explique cette carence dans la datation.
.... .......
CIRTA, premier nom de la cité donc,
est mentionnée
pour la première fois dans l'Histoire à l'occasion
de la seconde guerre punique, soit vers la fin du 3e siècle
av. JC. Elle avait la réputation d'être une place
inaccessible, en même temps qu'une ville opulente, riche
de par son rôle commercial ; et elle fut déjà le
théâtre d'une lutte sans merci pour le pouvoir.
....
En l'an 311, Cirta se trouvant impliquée
dans les guerres civiles romaines, a été détruite
en grande partie par Maxence. Constantin, sorti vainqueur de ces guerres,
la fit reconstruire en l'an 313. Cirta prit alors le nom de C0NSTANTINE,
qu'elle porte maintenant depuis 17 siècles.
El Watan - 2 janvier
2014
Pas d'anniversaire
pour le XVIIe siècle de la ville.
Personne ne s'est
rendu compte de la date-événement, aussi
bien du côté des officiels que de celui de
l'élite et de la société civile.
En 2013, Constantine
a bouclé son XVIIe siècle d'existence sous
ce nom. Telle une orpheline, la ville a vécu son anniversaire
dans la tristesse, sans fête ni commémoration.
Car personne ne s'est rendu compte de la date-événement,
aussi bien du côté des officiels que de celui
de l'élite et de la société civile.
Seul Abdelkrim Badjadja, ancien directeur des archives de
Constantine, aujourd'hui établi à Abu Dhabi,
a tenu à marquer l'anniversaire.
D'ailleurs, il y a quelques
mois il a lancé un appel pour la préparation
de festivités à la hauteur de l'événement. «Je
lance donc un appel aux autorités de la ville de Constantine,
ainsi qu'aux intellectuels et à la société civile
algérienne pour préparer d'ores et déjà ces
cérémonies de 2013 qui devraient réconcilier
les Algériens avec leur histoire», avait-il écrit
sur son blog. L'appel est demeuré lettre morte, car
aucune cérémonie n'a été signalée à ce
sujet. Mieux ! Voilà que l'année s'achève
et à aucun moment les responsables et les institutions
n'ont fait allusion à cet anniversaire. Même
l'université a oublié l'événement.
Idem aussi du côté du musée Cirta. Interrogé à ce
sujet, le directeur de la culture, Djamel Foughali, reconnaît
que sa direction n'a pas prévu de commémorer
l'anniversaire, en faisant valoir cependant un argument étrange !
«Nous n'avons
rien prévu pour la simple raison que Constantine se
suffit de l'honneur d'avoir été désignée
capitale de la culture arabe, et à cette occasion
nous aurons tout le temps de revenir sur son histoire ancienne»,
a-t-il affirmé.
En décodé, notre directeur de la culture qui ignore, à l'instar
du citoyen lambda, cette date qui s'étale sur 365 jours, estime qu'il
s'agit là d'un non-événement qui ne mérite pas
qu'on s'y attarde ou qu'on lui consacre un moment de souvenir ne serait-ce
que pour les écoliers. Nous avons rencontré la même indifférence
chez le jeune maire de la ville, Seifeddine Rihani. Le président de
l'APC n'a pas caché son ignorance concernant cette date et a ajouté un
zest de mépris envers la question ! «Nous sommes préoccupés
par le gigantesque programme de développement ; nous avons chaque
jour de sérieux problèmes à gérer, notamment les
manifestations et les routes coupées par les citoyens», nous a-t-il
répondu, alors qu'il participait à un congrès des enfants
de moudjahidine.
Agée d'au moins
2500 ans, Constantine est l'une des plus vieilles cités
au monde. Détruite par l'empereur Maxence pendant
les guerres civiles romaines, Constantin le Grand entreprit
de la rebâtir et lui donna son nom en l'an 313.
Selon Badjadja, «cet événement devrait être fêté,
non seulement au niveau local ou national, mais aussi au niveau international,
Constantine appartenant à l'histoire universelle, en symbolisant par
sa permanence sur le même site depuis 25 siècles au moins l'histoire
de l'Algérie». Dans une autre époque, cet oubli aurait
infligé la honte aux Constantinois. Aujourd'hui, il incarne, du moins,
le détachement affligeant de la cité et de ses habitants.
Nouri Nesrouche |
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Liste des Beys de Constantine
Liste
des préfets et des walis de Constantine
Liste
des maires et des Présidents de l'APC de Constantine
La municipalité de Constantine de 1947 à 1962
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Quelques documents sur l'histoire de Constantine
Constantine : D'une ville attractive à une ville répulsive
Un article
du Al Huffington Post du 24 octobre 2016
Une video publiée par Euronews
Constantine à travers les âges
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Sources
bibliographiques :
"De
Cirta à Constantine de 1836 à 1962" - ACEP- Ensemble
"La France à Constantine" (3 volumes) par Jacques Gatt
"Constantine" par A. Berthier et R. Goossens
"Histoire de l'Afrique septentrionale" par Ernest Mercier
"LAlgérie", par MM. Les capitaines du génie Rozet et Carette.1850
"Les juifs de Constantine" par Paul Leslie
"Dune rive à lautre - la guerre dAlgérie, de la
mémoire à lhistoire" par Gilles Manceron et Hassan Remaoun
)
"La guerre d'Algérie" par Yves Courrière
"Encyclopédie Microsoft Encarta"
et diverses pages Internet.
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