CARILLON
D’EXIL EN DOUCE LOIRE
L� se d�roule l’exil sonore et n�anmoins nostalgique des quatre cloches qui carillonn�rent autrefois au clocher � cinq pointes de la cath�drale de CONSTANTINE, un clocher parfois fr�quent�, on s’en souvient, par de caquetantes cigognes. La plus grosse (1 m 75 de diam�tre � la base, 2181 kg) fut un do, baptis� Augustin, don de l’empereur Napol�on III. Viennent ensuite, le r�, F�lix-Louis (1431 kg), le mi b�mol, Dolor�s Jos�phine (1241 kg) et le sol, Emma-Viventa, la plus petite, mais ne pesant pas moins de 828 kilos. Ces v�n�rables compatriotes [fondues � LYON en 1869 et 1876 par Burdin Ain�] ont �t� baptis�s par Mgr Barth�l�my de Las Cases et, pendant 93 ans, vibr�rent au dessus du Rocher, pour clamer la joie ou d�plorer l’infortune des hommes. Vint 1962, quand la cath�drale, ancienne mosqu�e Souk-El-Ghezel, dut �tre r�troc�d�e au culte musulman. Qu’allait-il alors advenir des cloches? Les fr�res Roland , entrepreneurs de travaux publics � Constantine, d�cid�rent d’enlever et d’acheminer, � leurs frais, ces quatre �normes masses jusque dans le Loiret o� Mgr Pinier (�v�que de Constantine) avait n�goci� leur sauvegarde. Mais, tr�s vite, on dut se r�signer � la navrante �vidence : aucun clocher ne serait assez solide pour supporter un tel poids ; l’infortun� "quatuor" constantinois fut donc impitoyablement mis en d�p�t en attendant d’�tre fondu. Inform� providentiellement, le p�re Louis Boreau, recteur de Notre Dame de Cunault – situ�e � mis chemin entre Angers et Saumur – s’en fut examiner ces cloches sacrifi�es, qu’il souhaitait recueillir chez lui… mais se trouva quelque peu confondu devant leur masse imposante. Sans doute aurait-il renonc� � son projet de les voir transf�r�es jusqu’� son sanctuaire renomm�, si des paroissiens, Mme et M. Lef�vre, n’avaient pris le relais des fr�res Roland, en assurant � leurs frais, le transport des encombrantes rapatri�es. Parvenues � bon port, elles furent prises en charge par l’association " Les Amis de Cunault " qui a pour but la sauvegarde du c�l�bre monument angevin. Il fallut alors �difier une solide charpente, capable de supporter les six mille kilos des futures occupantes du clocher. 25 tonnes de bois et quatre ann�es de labeur furent n�cessaires pour mener � bonne fin la r�alisation de cette gigantesque entreprise, comparable � celle des anciens b�tisseurs de cath�drales. Parall�lement � cet ouvrage titanesque, des techniciens en �lectronique installaient un tableau de commandes pour coordonner la mise en branle et l’ample mouvement des quatre majestueuses masses de bronze. Ce nouveau carillon fut inaugur� le 9 octobre 1966. A Dolor�s-Jos�phine et Emma Viventa, l’annonce des messes ; � F�lix-Louis le glas des s�pultures ; � Dolor�s-Jos�phine le triple appel quotidien de l’Ang�lus, au trio encore valide, le jubilant carillon des mariages et des bapt�mes. D�s lors, depuis plus de trente ans, c’est au cœur de " la douceur angevine " que retentissent les notes claires du chœur d’airain n� au bord du Rh�ne imp�tueux… riverain nonag�naire du fougueux Rhumel…paisible retrait� aux berges majestueuses de l’aimable Loire. Cet article extrait de la revue " Les Bahuts du Rhumel " est affich� dans la prieurale. Quelques modifications et pr�cisions mineures ont �t� apport�es (JC Pons). En savoir plus sur le retour de ces cloches
La Prieurale de Cunault (photo M.O. Pons) Quant à la cloche de l'église Sainte Jeanne d'Arc, elle a pu être récupérée par un habitant du quartier, Henri Casabianca, qui l'a transférée en Corse à MARATO, dans le village de sa famille. Elle est logée dans un petit clocher attenant à l'église.
Le village de Marato (Corse du Sud)
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