Bab- El- Djabia (Porte du bassin)
par Bouchelaghem Omar
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Parmi les portes de l’ancienne ville de Constantine, figurait la porte Bab El
Djabia qui permettait d’y pénétrer à partir de la partie basse (le début du pont
Sidi Rached, du coté du rocher).
Voici une vue de cette porte illustrée sur une carte postale :
Cette porte était située entre la porte Bab El Oued et la porte El Kantara. Elle
faisait face au Coudiat comme nous le mentionnait E. Pellissier dans son livre« Annales Algériennes » en page 155 : « Constantine a quatre portes ; celle du
pont, ou Bab-el-Cantara, est du côté de Mansourah. Les trois autres, Bab-el-
Djedid, Bab-el-Oued, et Bab-el-Djabia font face à Coudiat-Ati. »
C’est la porte qui permettait d’accéder à l’actuelle Souika.
Dans les anciens ouvrages parlant de Constantine le mot Souika n’est pas
mentionné. Les auteurs français parlaient de quartier arabe, quartier de Bab
El Djabia.
Un plan illustrant la ville au moment de sa prise en 1837, désignait la rue qui
partait de la porte de Bab-El-Djabia à la porte d’El-Kantara par « Rue traversant
la ville de Bab-El-Djabia ».
Ci-après ce plan sur lequel j’ai encadré l’emplacement de la porte Bab-El-
Djabia :
Louis Régis dans son livre « Constantine. Voyage et séjours » en page p93, nous
parlait de cette ancienne rue en ces termes : « Depuis que la rue Nationale est
tracée, les chameaux ne sont plus admis à pénétrer dans la ville. Il n’y a pas
longtemps encore une simple ruelle tortueuse et inégale traversait Constantine
dans toute sa longueur d’une porte à l’autre, et les caravanes, en suivant ce
chemin unique, causaient, par leur nombre, des encombrements inextricables.
Il est vrai de dire qu’à cette époque il n’y avait ni la station de chemin de fer,
ni les nombreuses voitures particulières, ni les omnibus de toute forme qui
descendent, à présent, la rue avec rapidité. ».
Cette autre carte postale nous montre les chameaux d’une caravane stationnés à la porte Bab-El-Djabia, juste en bas de la descente :
Ainsi Ernest Mercier dans son livre « Constantine au XVI è siècle », en parlant
de la famille des Ouled Abd-El- Moumen, écrivait : « …et a des
représentants à Constantine, où elle possède une mosquée vénérée qui a
donné son nom à une partie du quartier de Bab-El-Djabia, … » Ceci en page
6 et en note, il situait cette mosquée de la sorte : « Dans le carrefour au-dessus
de la rue des tanneurs ». Donc dans la Souika.
En page 12 de son livre mentionné ci-dessus, Ernest Mercier avait cité un extrait
de M. Vayssetes tiré de son livre «Histoire des Beys de Constantine ». De cet
extrait, on peut avoir une idée sur les quartiers de Constantine au temps des
Turcs : « La ville était divisée en deux sof ou partis. D’un coté, les Abd-el-
Moumen avec tous les habitants du quartier de Bab-el-Djabia, ou de la
basse ville, représentant le parti de la résistance ; de l’autre, les Ben
Lefgoun avec les habitants de la haute ville, depuis le quartier d’El-Betaha,
où est située la grande mosquée, jusqu’à la Casbah, représentant le parti
nouveau… ».
La porte avait gardé son ancienne appellation malgré la conquête française.
Louis Régis, dans son ouvrage en page12, mentionnait : « La plate-forme
sur laquelle Constantine est bâtie représente un carré presque parfait, mais
toutefois un peu incliné. On n’y pénètre que par trois ouvertures, la porte d’el Kantara en face du chemin de fer, la porte de la Brèche tout à l’opposé, et
entre les deux par une petite poterne qui a conservé le nom arabe de Bâb-el-
Gebia. ». De cette citation de Louis Régis, on peut tirer l’information suivante :
la porte de Bab El-Djabia était plus petite que les autres puisque l’auteure la
désignait de « petite poterne ».
Nous trouvons la justification de l’appellation « Bab-El-Djabia », qui signifie « la porte du bassin », dans le livre « Kitab Tarikh Qosantina » (Le livre de
l’histoire de Constantine). Le traducteur en note page 271 écrivait : « Ainsi
appelée d’un grand bassin où les fidèles venaient se désaltérer et faire leurs
ablutions ».
Lisons ci-après quelques extraits du livre de Louis Régis dans lesquels sont
décrites des scènes de vie de tous les jours se passant dans cette partie de la ville
de Constantine.
En pag 67 : « Un grand nombre de ces Arabes appelés en passant à
Constantine, soit pour les moissons, soit pour accompagner les caravanes,
campent ordinairement sous des tentes à l’extérieur de la petite poterne El-
Gebia. Cette agglomération attire en ce lieu toute sorte de misérables denrées,
seules accessibles à la bourse peu garnie de ces modestes acheteurs Des
femmes, venues avec leurs maris, occupent leur temps en faisant le couscous
en plein air. Des musiciens, aussi pauvres que leurs auditeurs, animent du
bruit régulier de la flûte et du tambourin des danseuses d’un ordre inférieur.
Ce petit tableau de mœurs nous a frappés par hasard un jour que nous
revenions d’une promenade à pied, faite à l’est de Constantine. Nous nous
sommes approchés de ce campement, assez près pour voir ce qui s’y passait
mais pas assez pour exciter la curiosité de ces hommes du désert, toujoursétonnés à la vue d’une femme européenne. »
Et en pages 69 et 70 : « Nous rentrons à la ville par la porte el Gebia, en
jetant, en passant, un regard curieux sur le campement dans lequel règne
une grande animation. Le quartier de Constantine que nous traversons
d’abord, pour rentrer chez nous, est complètement arabe et
extraordinairement populeux. Les maisons sont pauvres et, les boutiques
singulièrement petites; une foule compacte s’y remue incessamment, et il
est facile de voir qu’elle est presque entièrement composée d’indigènesétrangers à la ville. En se rapprochant de la rue Nationale, on arrive,
cependant, à des rues plus calmes d’où le commerce est absent; elles sont
bordées de grandes maisons mauresques à l’intérieur desquelles on
aperçoit quelquefois, par la porte entrebâillée, de belles cours carrées,
entourées de galeries. Ce sont les habitations des grandes familles arabes,
soit de Constantine, soit de la province. »
Voici à présent des photos, prises par Victor Théolier de 1897 à 1900 et qui
nous donnent une idée sur ce qu’était les environs de cette porte :
La descente montrée sur la photo ci-dessus, est celle située derrière le théâtre qui
est visible en haut gauche.
Cette autre photo nous montre le marché de Bab-El-Djabia :
Sur celle ci-après, on voit la descente de Bab –El-Djabia :
Ci-dessous une vue prise à partir de Bab-El-Djabia et qui donne une idée sur son
marché et ce qu’étaient les environs de l’hôtel Cirta :
Ci-dessous, une autre vue montrant la descente de Bab-El-Djabia :
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Les deux cartes postales suivantes nous montrent le marché de Bab-El-Djabia et
l’évolution qu’il avait connue. Cette évolution se remarque des transformations
qu’ont connues les environs de l’hôtel Cirta. Ce dernier est visible sur les deux
photos.
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Sur la photo ci-dessous que j’avais prise en Mars, on peut voir l’une des
maisons de Bab-El-Djabia en réhabilitation dont les travaux ont commencé en
Aout 2008.
On peut lire sur la plaque d’identification du chantier ce qui suit :
A remarquer l’aspect prévu pour cette place tel qu’il est montré sur la plaque :
Beau est l’aspect que promet la réhabilitation de la place de Bab-El-Djabia.
Cette porte a été construite entre le XIIIe et le XVe siècle, détruite au début du
XXe.
B. Omar
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Références :
- Constantine au XVI e siècle. Elévation de la famille El Feggoun. Par Ernest
Mercier. Typographie L.ARNOLET –AD BRAHAME SUCCESSEUR
Constantine.1879
- Constantine. Voyages et séjours. Par Louis Régis. Paris. Calmann Lévy,Éditeur. Ancienne maison Michel Lévy frères. Rue Auber, 3, et Boulevard de
italiens, 13. À la librairie nouvelle. 1880.
- Annales Algériennes. Par E. Pellissier. Tome troisième. Paris, Arselin et
Gaultier — Laguionie, Libraires pour l’art militaire, Rue Dauphine, n° 36,
dans le Passage Dauphine. Alger, Chez Brachet, Libraire. Marseille, Chez
Camoin, Libraire.1839
- Kitab Tarikh Qosantina. Par El-Hadj Ahmed El-Mobarek. Le livre a été écrit
vers 1852 et traduit par A. Darnon in Revue Africaine, volume 57, année 1913.
- Le plan de Constantine de 1837, les photos de Victor Théolier et les cartes
postales proviennent du site de Serge Gilard « Constantine d’hier et
d’aujourd’hui »
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