Lettre à Constantine

J’ai réussi à rattraper un pan de ton histoire Constantine. Et dire que tu avais failli m’échapper !
Avec tes amis, aujourd’hui, une nouvelle histoire commence.

Ma Belle, de moi, tu n’en auras plus assez.
Cette fois, je promets.
Enfin Constantine, tu m’as rendu mes amis, mes voisins, ma maison.
Mieux encore, tu m’en as offert d’autres.
L’exilée, c’est ainsi que me nomme mon père.
L’exilée, c’est ainsi que je me voyais.
Me reconnaissais.
Je ne le suis plus, enfin !
Depuis que je suis revenue au pays
J’ai compris.
Je t’aime toi, vieux Rocher
Ta barbe couleur rouille, henné, s’en va puiser sa sève dans cet oued qui t’enlace depuis une mémoire aussi profonde que tes gorges.
Ô combien de fois j’ai tenté l’approche, le retour. Et toutes ces fois tu n’as pas daigné me regarder. Je ne voulais pas plus d’un bras, d’un simple geste. Un regard aurait suffi.
Et j’aurais avancé.
Non, pas une fois tu m’as regardée.
Puisque je te le dis !
Ne t’en fais pas ma Belle, ne t’excuse pas.
Je sais.
Tu aimes trop tes enfants. C’est moi qui cherche à me faire pardonner.
Tu dis m’avoir cru partie pour toujours ?
Et bien, pour une fois, tu te trompes Constantine.
Je t’aime moi aussi, toi, vieux Rocher
Solitaire qui porte mon monde en chapeau.
Je te fais la révérence
Et dépose le reste de ma vie à ton pied.

Najia Abeer .

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