12 octobre 2005

Visite de travail de Mme Khalida Toumi à Constantine : plus que les écuries d'Augias.

La ministre de la Culture sera confrontée à des chantiers non négligeables, tels la vieille ville, les salles de cinéma fermées, le palais de la Culture, la réhabilitation du palais du bey qui n'arrête plus de durer

Contrairement à tous les autres ministres des gouvernements successifs d'Ali Benflis et Ouyahia, seule Mme Khalida Toumi, dans le cadre des activités de son département, n'a jamais rendu visite à la wilaya de Constantine. Elle s'apprêterait à le faire en fin de semaine, selon l'annonce faite par M. A. Boudiaf, wali de Constantine, lors d'une rencontre qui s'est tenue dans l'après-midi de lundi dernier au centre culturel M'hamed Yazid avec les représentants du mouvement associatif, les directeurs de l'exécutif, le président de l'APW et les élus locaux du Khroub.

Après avoir passé au crible les différents aspects du développement local dans la daïra du Khroub (sur lesquels nous reviendrons), le wali a, d'emblée, tenu à souligner au directeur de la culture qui s'inquiétait de l'avancée à un train de sénateur des projets de sauvegarde de la vieille ville ainsi que la sauvegarde et réhabilitation du tombeau de Massinissa que «[ ] bien des z ones d'ombre ne le seraient plus à l'issue de la visite de madame la ministre».

M. A. Boudiaf, quoique faisant preuve d'une relative retenue, n'en a pas moins laissé entrevoir une certaine lassitude par rapport à la conduite, sur le terrain, de l'opération de délimitation du périmètre permettant la protection du tombeau en particulier et des autres vestiges en général. Rappelons à cet effet qu'autour de ce site court un pharaonique projet de réalisation d'une ville numide en hommage au roi qui, semblerait-il, y serait enseveli. La décision des pouvoirs publics consistait en l'implantation d'espaces socioculturels étudiés adaptés sinon rigoureusement évocateurs de la tranche d'histoire concernée afin d'en perpétuer le message.

Tout cela, bien entendu, dans le but de barrer la route à des personnes qui pourraient dévoyer les lieux, sachant que d'aucuns parmi elles, piaffant dans les starting-blocks, se voyaient déjà bénéficiaires d'un terrain qui, pour y bâtir une pi z z eria, qui, un café populaire, un magasin de prêt-à-porter, etc. mais foin d'activité directement liée à la mémoire des lieux. Paradoxalement depuis que le concept a été retenu, il y a près de trois ans, le projet est resté en l'état et l'enveloppe budgétaire, pour le moins conséquente, sollicitée à l'époque (2 000 000 DA) et consentie pour le tracé du périmètre (déblaiement du terrain et collecte des vestiges épars) se trouve aujourd'hui, en raison de l'inertie des organes concernés, frappée d'inflation et donc inconsistante.

Cela étant, une sorte de débat virtuel à la limite du surréalisme a été évoquée par le directeur de la culture, lequel se faisant le porte-voix de parties «non identifiées» laisse planer un doute sur l'historicité du monument qui pourrait être berbère barbare ou romain. Et pour mieux conforter ce doute et dans la foulée le dissiper, «la question aurait été soumise depuis quelques semaines à des historiens chercheurs au niveau d'un organisme spécialisé à hauteur de la capitale».

Autre chantier non négligeable auquel va être confrontée Mme K. Toumi, celui de la vieille ville rongée en cours d'année par des actions de prédation et sur lesquelles son département s'est très vite ressaisi au cours de l'été en décrétant la «sauvegarde officielle sous la protection de l'Etat de la vieille ville», mettant ainsi fin à bien des velléités de démolition de pans entiers de l'histoire de la cité. Tout cela à des fins bien douteuses.

Or, si la vieille ville s'est dès lors retrouvée protégée par un document ministériel, il n'en est pas de même dans la réalité, devenant, comme l'a si bien stigmatisé le wali, lequel est-il besoin de le rappeler a consacré sa première sortie officielle à Souika, «[ ] une cité non seulement en situation de dégradation constante mais devenue également un dépotoir géant».

Et au-delà de ces deux méga-chantiers, la ministre risquerait d'être interpellée sur le cas des salles de cinéma fermées, du palais de la culture Malek Haddad dont la principale salle de spectacle réhabilitée pour près de deux milliards n'aura «fonctionné» que trois mois avant d'être la proie d'un incendie au cours de l'été, de la réhabilitation du palais du bey qui n'arrête plus de durer.

A. Lemili

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