25 décembre 2007

La Médina sera-t-elle sauvée
Par Saïd

A Constantine, il faut l'avouer, le plan permanent de sauvegarde de la vieille ville, dit « Master plan » pour les initiés, comme son nom ne l'indique pas, continue d'être agité, en toute saison, comme un authentique talisman contre le mauvais oeil, à défaut d'avoir une actualité palpable.

Depuis des années, en tous cas, alors que toute la Médina -la haute comme la basse Casbah-, s'effrite par pans entiers et chaque jour un peu plus. Les effets d'annonces, les points de presse, quand ce n'est pas, les uns chassant les autres, les avis d'appels d'offres et la sélection virtuelle des bureaux d'études, au gré des oukases administratifs cycliques, occupent outrageusement les devants de la scène locale. Sur ce registre, la visite d'inspection, ce dimanche dernier, en « zone d'urgence » du chef de l'exécutif Abdelmalek Boudiaf, au quartier séculaire de Souika, principalement au niveau de la rue Mellah Slimane, prolongé par une réunion « au sommet », sous la houlette de la cellule chargée de la réhabilitation et de la sauvegarde de la vieille ville, est un nouvel épisode d'un long feuilleton qui ramène, à la vérité, l'ensemble du processus enclenché jusque-là, à la case départ. Le long inventaire, délivré à l'occasion par la dite cellule qui a étalé devant une assistance nombreuse le bilan chiffré des maisons effondrées, celles qui seraient dans un état précaire, les autres menaçant ruine, etc. ne nous dit pas, et ils sont nombreux, sur le « Vieux Rocher », à formuler aujourd'hui, la même interrogation : comment le fameux « Master Plan », finalisé en 2005 par les experts italiens de l'université Roma III, commandé, pour rappel en 2003 par le ministère de l'Habitat, « adoubé » en grande pompe lors d'une cérémonie organisée à la salle des délibérations de l'APW de Constantine, en présence de l'ambassadeur d'Italie, et suivi de près, disait-on, à l'époque, par l'université Mentouri, ne soit plus d'actualité ?

A l'époque, pour tous les acteurs concernés, qu'ils soient institutionnels ou représentants de la société civile, les uns et les autres avaient exprimé consensuellement que l'étude d'assainissement et d'aménagement de la Médina, décliné par le « Master Plan » italien serait « le socle » sur lequel allait prospérer, dans le respect de ses spécificités, la renaissance, si longtemps attendue, de la Médina.

La réalité des choses, à Constantine, semble renvoyer donc, sans autre forme de procès, les experts italiens à leurs chères études et fait place nette, trois ans après, à des mesures administratives qui se déclinent, aujourd'hui, essentiellement en termes de « gel de la délivrance de nouveaux registres de commerce, d'opérations de concessions et de ventes des biens, d'actions liées à l'hygiène et à la sécurité, au niveau de la Médina », etc.

A la vérité, à moins de prendre le risque que la sauvegarde de la vieille ville de Constantine, classée patrimoine national, ne tourne au ravalement de façades, il est difficile de penser qu'on puisse faire longtemps l'économie de chantiers à la hauteur des véritables défis de réhabilitation des Médina dans notre pays, à l'instar de ce qui a été réalisé au Maghreb et ailleurs...

P.-S.

par K. Benmohamed/Le Quotidien

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