9 juillet 2005

MÉDINA DE CONSTANTINE : CLASSÉE PATRIMOINE PROTÉGÉ

Considéré comme dernier recours dans le plan de sauvegarde de la vieille ville de Constantine, et longtemps attendu, notamment par les associations et les amis de l’antique Cirta, un décret ministériel vient d’être validé par le conseil du gouvernement la classant patrimoine protégé.

Pour Chiaba Lazred, chef de la circonscription archéologique, «le décret exécutif, développant l’article 45 de la loi 98/04 relative à la sauvegarde et à la mise en valeur de la vieille ville, est surtout un outil juridique, où les responsabilités sont partagées entre les différentes parties à qui incombent la protection et la mise en valeur de la médina, afin d’arriver à une meilleure gestion».

Concernant les délimitations du secteur sauvegardé, M. Chiaba a déclaré : «Il s’agit de toute la médina de Constantine, dont 80 % des limites sont naturelles, à commencer par le pont Sidi Rached, les gorges du Rhumel, Souika, Rahbet Souf, Sidi Djliss, Ercif, en passant par Bab El-Kantara, Mellah-Slimane, le pont suspendu et La Casbah.» A la question des dispositions qu’impose cette mesure, le chef de la circonscription archéologique nous a affirmé que «la première tâche qui suit la mesure de la protection est l’élaboration d’un plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur.

Un travail méticuleux, qui met en évidence l’état actuel des valeurs architecturales, urbaine et sociale, à savoir l’état de conservation du bâti, le cadre démographique, les activités économiques et surtout la nature juridique des propriétés, qui sera étudiée cas par cas.

Cette étude, a-t-il poursuivi, qui fait ressortir les différentes phases d’évaluation du secteur est primordiale pour pouvoir passer à une analyse topographique, basée sur les préexistences recensées, pour arriver enfin à une rédaction finale du plan permanent de mise en valeur du secteur sauvegardé».

Ceci avant de souligner la collaboration de toutes les administrations, telles que la DUCH, l’APC, les Directions de l’urbanisme et des affaires religieuses, ainsi que les associations susceptibles d’aider à l’élaboration de ce plan.

A propos des propriétaires au sein des zones sauvegardées, M. Chiaba a assuré que «ce sont des partenaires confirmés, à qui incombent devoir et droit de garder leur bien et de l’entretenir, mais aussi le respect des lois qui régissent les propriétés entrant dans un patrimoine, et l’adaptation aux exigences de la conservation».

Sur le volet financier, qui doit être assuré afin de concrétiser le plan de sauvegarde et de mise en valeur, notre interlocuteur nous a répondu que «le projet de faire de la médina une œuvre grandeur nature sera financé par plusieurs directions, notamment la tutelle, l’université Roma III, chargée d’établir le masterplan, le plan de réhabilitation, et la ville de Grenoble dans le cadre des accords communs du jumelage des deux villes, mais aussi, l’UNESCO, qui subventionne ce genre de mesures.

Il y aura même la contribution des propriétaires. Coté association, contacté, Fodil Bouchedja, président de l’Association du patrimoine architectural de la vieille ville, nous a affirmé que la mesure de sauvegarde en elle-même est une bataille gagnée, mais reste la concrétisation, car, a-t-il poursuivi, «beaucoup de zones d’ombre persistent encore, notamment en ce qui concerne la contribution des propriétaires, nous devions en tant qu’association rencontrer les parties concernées pour débattre le plan d’action, mais le rendez-vous a été ajourné».

Ceci avant de conclure que la concrétisation du plan de sauvegarde doit se faire dans les plus brefs délais, car, a-il ajouté, «les locataires continuent à démolir les demeures sans se soucier de leur valeur».

M.D Le Jeune indépendant

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