18 mai 2008

Mois du patrimoine
CONSTANTINE : Un patrimoine archéologique en péril

A l’occasion du Mois du patrimoine, organisé du 18 avril au 18 mai 2008, le Forum de la radio locale de Constantine a
braqué ses lumières sur le thème du patrimoine, sa mise en concordance, sa protection , son entretien et son suivi... d’autant plus que la ville du Rocher recèle en son sein des trésors archéologiques.
Les textes de loi existent pour protéger et préserver les vestiges archéologiques, mais le manque de culture dans ce domaine, comme l’ont souligné les spécialistes du secteur, laisse la porte ouverte à des comportements aux antipodes de l’esprit et de la lettre de la réglementation. Plusieurs vestiges ont été effacés de la carte de la wilaya de Constantine pour des raisons liées à une vision étriquée de l’archéologie. La statue de Constantin, de la gare de Constantine, a failli avoir le même sort pour la simple raison que “c’est un vestige du colonialisme “selon certains illuminés”. Sur un autre registre, la réhabilitation des monuments ou vestiges archéologiques laisse toujours un goût d’amertume, d’inachevé à l’instar du Palais du Bey dont le visage a changé avec les travaux de restauration sans fin qui l’ont accompagné depuis trois décennies. l’Aqueduc de la cité Kouhil Lakhdar est un autre exemple du peu d’ intérêt réservé aux vestiges, vu la juxtaposition d’un monument romain avec une clôture au style mauresque et un portique anachronique et indéfinissable.
Lors des appels téléphoniques des citoyens à l’émission de la Radio, les mêmes questionne ments sont revenus à propos de”vestiges classés sans être mis en valeur sur le plan touristique”. Une auditrice indiquera qu’il faudrait “éduquer nos enfants, les sensibiliser et leur inculquer l’amour de la patrie et de notre histoire”. Pour cela, elle proposera “des excursions touristiques sur site pour les écoliers afin qu’ils apprécient les vestiges et s’imprègnent de ce patrimoine qui retrace notre passé”. Le professeur SAHLI, énumérera des monuments tels que les grottes, notre Dame d’Afrique, le tombeau de Massinissa “sans entretien, sans suivi, envahi par les herbes sauvages” qui doivent requérir l’attention de la direction de la Culture et du Tourisme, des collectivités locales... En termes de lois, notamment celles de 1998, assurerait-elle la protection des vestiges et des découvertes ? Pour le professeur Salhi, la loi réserve deux mois et au -delà les gens peuvent continuer les travaux. Pour Mme Bouanane, la découverte de Bekira illustre la situation “on a arrêté les travaux, on a sorti ce qu’on a pu sortir. Mais nos efforts n’ont pas abouti dans la mesure où il y a des forces occultes qui entravent la recherche archéologique”.
A propos de dolmens découverts à Ouled Rahmoune et Sigus, le professeur Sahli, révélera qu’ils ont été utilisés pour autre chose. Ces vestiges de la civilisation “ mégalitique“ ont tendance à disparaître. Une auditrice s’inquiétera sur les voûtes et Zélaidj du Palais du bey jetés n’importe comment. Le monument aux Morts a perdu aussi de son attrait. Autant de regrets pour ce passé sombrant dans l’oubli et parfois exploité à des fins lucratives par les étrangers, concernés restent spectateurs, face à l’obscurantisme et au manque de culture qui sont les principaux obstacles à la protection et à la préservation du patrimoine archéologique.

Azziz K.

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