Sidi M’cid : Le pont des amours de Constantine ?
par Samy Benaicha / Steeven Hilbert – 2 SN2

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Ce n’était pas son objectif de départ quand le pont suspendu de Sidi M’cid a été construit, au début du siècle dernier, pour relier la médina de Constantine, commune du nord-est de l’Algérie, à l’hôpital civil qui se trouvait de l’autre côté des gorges du Rhummel.

Le trait d’union d’une belle histoire.
« Aissa marchait quinze kilomètres par jour pour rejoindre sa bien-aimée Méssaouda. Quotidiennement il rejoignait la ville de Constantine par la côte » nous confie Samy en parlant de ses arrière grands-parents. En effet dans les années 1910 il fallait être courageux en habitant dans la campagne de l’autre côté des Gorges du Rhummel de tomber amoureux d’une jeune fille de la médina de Constantine ! Que de kilomètres parcourus au nom de l’amour !
Quand le pont suspendu de Sidi M'Cid a été construit en 1912 pour relier les gorges du Rhummel et la médina de Constantine au centre hospitalier-universitaire, Aissa remercie le ciel. En effet grâce à cette passerelle, l’heure d’effort à travers les gorges pour aller voir sa promise se transforme en bonheur ! Maintenant elle n’était plus qu’à cinq minutes de son futur époux.
Quarante ans plus tard, les amoureux y sont retournés puis chaque été à la même date en pèlerinage. La passerelle a survécu à la guerre, aux tempêtes … Malgré son grand âge elle réunit toujours la côte à la vallée du Rhummel et restera pour toujours dans les cœurs des descendants d’Aissa et Messaouda le symbole de l’union de leur grand amour.
Et comme pour commémorer cette histoire d’amour ce pont est devenu un endroit romantique qui attire les couples au coucher de soleil. La vue du belvédère offre une vue magnifique sur la plaine de Hamma Bouziane et ne laisse personne indifférent.

Le pont du cœur à plus d’un titre
Le témoignage du Maire de la ville de Constantine nous montre que la construction de ce pont a créé une solidarité, un lien entre les habitants qui est encore palpable aujourd’hui. En effet « une grande mobilisation a permis à la population de s’impliquer dans cette aventure. Sans compter le financement colossal qu’il a fallu trouver, beaucoup d’énergie a été déployée par de nombreux ouvriers et bénévoles qui ont travaillé pendant des mois sans relâche. De plus grâce à ce pont nos médecins ont pu sauver des vies et on ne compte plus le nombre de personnes qui doivent leur salut à ce pont. »
C’est un véritable trait d’union entre les habitants de Constantine et les villageois des campagnes avoisinantes. Les membres d’une même famille qui, au siècle dernier étaient séparés à cause ses aléas de la géographie, peuvent maintenant se réunir à leur guise grâce à la passerelle et ils ne sont pas prêts de couper les ponts !

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Ce texte a reçu le prix du festival Littérature & Journalisme 2017
coucours destiné aux lycées de Metz.

De gauche à droite, Hélène Pochard, organisatrice du prix pour le festival auprès des lycées,
les deux auteurs gagnants et le représentant du Républicain Lorrain.
Photo Anthony Picoré

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